Compte rendu de la DRIAAF Île-de-France (Direction Régionale Interdépartementale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt)
Le 25 octobre au Palais du Luxembourg, l’association Noé a organisé, en collaboration avec le sénateur du Morbihan Joël LABBÉ, un colloque retraçant le bilan de la loi portant son nom ainsi que les perspectives. En effet, depuis le 1er janvier 2017, la loi Labbé interdit aux agents des services publics d’utiliser des produits phytopharmaceutiques pour l’entretien des espaces verts, forêts, promenades et voiries accessibles ou ouverts au public. Cette interdiction s’est étendue aux utilisateurs non professionnels depuis le 1er janvier 2019.
En introduction, le député du Maine-et-Loire Matthieu ORPHELIN a rappelé les facteurs de réussite pour tendre vers le zéro-phyto : une volonté politique pour fixer le cap, une mobilisation de tous les acteurs, favoriser le partage et accompagner financièrement les acteurs dans la transition.
Presque trois ans depuis l’entrée en vigueur de la loi, le bilan en matière d’application par les collectivités est plutôt positif malgré un retour d’expérience court. Les collectivités sont engagées et volontaires pour tendre vers le zéro phyto même si les démarches entreprises sont encore variables. Des points restent à améliorer notamment en ce qui concerne le volet communication et formation.
Côté jardiniers amateurs, l’évolution des pratiques suit une bonne dynamique. La plateforme «Jardiner autrement», développée par la Société Nationale d’Horticulture de France, est un des outils qui participe à informer sur les pratiques à adopter au jardin. Sa fréquence de consultation a d’ailleurs augmenté ces dernières années, avec notamment un rajeunissement des utilisateurs (25-45 ans).
Les jardineries quant à elles, sont dans un objectif de restructuration du marché des produits, avec une offre qui s’ouvre vers le biocontrôle et la promotion de la lutte intégrée. A travers des tables rondes, plusieurs témoignages ont été exposés afin de présenter des initiatives en matière de zéro phyto pour les copropriétés, les collectivités, les entreprises et les forêts.
Dominique JANOT, chef de projet du programme post-glyphosate à la SNCF, a présenté le défi de l’entretien des voies et pistes sans glyphosate. La maîtrise de la végétation est essentielle en termes de sécurité incendie, sécurité des personnels de maintenance ou encore de limitation de la dégradation des voies. Depuis 2008, la SNCF a diminué de près de 60 % l’achat de produits phytopharmaceutiques. Les alternatives aux traitements chimiques ne sont pas simples, les produits de biocontrôle n’étant pas aussi efficaces, c’est pourquoi ils sont utilisés aujourd’hui avec des herbicides de synthèse. Pour 2021, la SNCF s’engage sur différents axes d’amélioration : rendre compatible l’utilisation de ses trains « désherbeurs » (dispositif de désherbage embarqué) avec le biocontrôle et les doter de systèmes de traitements plus évolués (pulvérisation ciblée), tout en assurant la sécurité des chantiers au sol.
Au niveau des collectivités, le témoignage de Cathy BIASS-MORIN, directrice de la gestion des espaces verts de la ville de Versailles, a permis de faire le point sur 10 ans de zéro phyto dans les cimetières de la ville. Un travail important a été mené au niveau de l’accompagnement au changement du personnel d’entretien. Les réflexions ont porté sur des alternatives efficaces et permettant de faire des économies de temps : supprimer les haies en taille architecturée au profit de haies champêtres, passer au fleurissement à base des plantes vivaces et réduire les chrysanthèmes, paillage des massifs, arrêt du bêchage en hiver, favoriser les zones de prairies spontanées, etc.
Concernant les forêts, l’Office national des forêts, représenté par Régine TOUFFAIT secrétaire générale de la direction forêts et risques naturels, a annoncé l’abandon total de l’usage des produits phytopharmaceutiques dans les forêts publiques. Enfin, comme l’a annoncé Joël LABBÉ, nous vivons actuellement une forme de révolution culturelle par rapport au végétal avec un changement de vision sur les pratiques à mettre en place. Certaines zones non agricoles, comme les cimetières, les terrains de sports ont été laissées de côté par la loi Labbé, ce qui n’a pas empêché certains acteurs d’aller au-delà de la loi. Tout n’est pas acquis, les discours convergent pour dire qu’il reste encore des actions à mener sur le volet formation – communication et le suivi de l’épidémiologie. L’objectif étant d’inclure dans la loi Labbé de nouveaux espaces ainsi que d’étendre son application au niveau européen.
Pour en savoir plus: lettre actualités phyto DRIAAF Ile-de-France