Le réchauffement climatique est dû à la présence de gaz dans l’air et notamment de dioxyde de carbone (CO2), de méthane (CH4) et de protoxyde d’azote (N2O). Ces gaz proviennent de diverses activités humaines comme les industries, les gaz d’échappement ou encore l’agriculture intensive. Quelles sont les méthodes culturales communes aux agriculteurs et aux jardiniers à éviter pour diminuer leur impact écologique au jardin ?
On en parle avec Marc-André Selosse, chercheur au Muséum d’histoire naturelle à Paris
Le labour, une fausse bonne idée :
Considéré pendant longtemps comme une étape incontournable avant la mise en culture d’une parcelle, le labour a des effets positifs et immédiats sur le rendement : il permet notamment le désherbage et l’enfouissement de la matière organique. Le retournement de la terre favorise l’aération et l’imbibition du sol (capacité du sol à se gorger d’eau) ainsi que la remontée de la fertilité.
Les effets négatifs à long terme sur la fertilité de la terre, mais aussi sur le climat. Le retournement de la terre a un impact sur les vers de terre et les microorganismes du sol qui se retrouvent dans des strates de sols non adaptées à leur milieu de vie. Le sol nu est plus sujet à l’érosion, il retient moins bien les ions et les minéraux. L’aération du sol entraine une augmentation de la respiration et un appauvrissement rapide de matière organique, le taux de CO2 dans l’air augmente.
Comment faire pour que le carbone reste dans le sol et ne soit pas libéré dans l’atmosphère ?
En utilisant des outils tels que la grelinette qui permet d’aérer les sols compactés ou tassés sans trop les perturber.
L’importance de maîtriser l’irrigation :
Une des causes d’émission de gaz à effet de serre est l’irrigation par inondation des sols.
Dans un sol aéré, la matière organique respire et produit du CO2.
Dans un sol inondé (sans air), certaines bactéries respirent du CO2 et produisent du méthane. D’autres bactéries puisent les nitrates du sol et produisent du protoxyde d’azote, ce processus est appelé la dénitrification.
Plus il y a d’eau dans le sol, plus la dénitrification est importante. Les sols agricoles (et potagers) sont souvent très riches en engrais azotés et bien irrigués ce qui favorise la formation de protoxyde d’azote.
Pour éviter cela, il faudrait arroser moins et plus souvent.
Comment laisser le carbone dans le sol ?
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- La permaculture ou sol toujours couvert :
Ne pas laisser les sols nus en pratiquant les cultures intermédiaires à récolter ou à laisser sur place pour compenser les récoltes (à couper ou passer au rouleau).
Projet 4 pour 1000 du ministère de l’Agriculture :
En augmentant de 0.4% le carbone dans le sol il serait possible de compenser le taux de CO2 émis par l’humanité.
- Le cas du compostage :
Laisser se transformer les déchets avant de les restituer au sol, c’est un processus aérobie. Les microorganismes qui entrent en action, respirent et produisent du CO2. Cette matière organique déjà « respirée » est ensuite réintégrée dans les sols en apportant azote et phosphate. Ce processus apporte moins de matière organique que si le processus est réalisé directement sur place en surface.
Plus la matière organique est compostée, plus elle aura produit du CO2.
L’apport de matière organique crée des liens entre les particules du sol, retient les minéraux dans le sol en plus d’apporter de l’azote et du phosphate.
- La gestion du microclimat par les arbres et les arbustes :
Pourquoi mettre des arbres au milieu des cultures est intéressant ? Le cas de l’agroforesterie.
La présence d’arbres et d’arbustes a un effet sur le réchauffement et la sécheresse globale. Leur présence diminue le rendement au sol, mais augmente le rendement global en diversifiant les récoltes (bois ou fruits). Leur présence change le climat local en maintenant l’humidité, en procurant de l’ombrage et en diminuant la température locale grâce à la transpiration.
La concurrence avec les herbacées n’est pas avérée car, si le couvert est abondant, les racines de l’arbre se développent plus profondément. Il y a moins de compétition pour l’eau et la nourriture. De plus, l’arbre puise l’eau par les racines et l’évapore par les feuilles en consommant de la chaleur ambiante. Il limite ainsi les effets de longues sécheresses. L’arbre peut ainsi protéger les cultures en arrêtant le vent, en limitant le dessèchement en été et en rafraîchissant l’air ambiant. Dans certaines conformations de terrain, la présence des arbres peut bloquer des nappes d’air froid et causer des dégâts en hiver.
Nos gestes sont donc importants pour le climat et notamment pour le sol.