Alpes Contrôles est un organisme de contrôle indépendant. L’entreprise a été créée en 1988 par Michel Vignoud, pour évaluer la conformité des ouvrages, installations, produits ou services soumis à des exigences règlementaires, normatives ou des spécifications particulières. Elle a également développé une activité de certification en Agriculture Biologique pour les producteurs ou transformateurs désireux d’obtenir la labellisation AB.
C’est lors de l’aménagement dans les nouveaux locaux de l’entreprise à Annecy-le-Vieux en 2014, qu’est créé ce verger/potager.
Clément Dufour, Délégué général de la Fondation Alpes Contrôles et Maurice Marchesi, horticulteur, répondent à nos questions avant la visite.
Quelle est l’origine de ce projet ?
Alpes Contrôles a décidé de multiplier les usages du terrain sur lequel, en 2014, est construit le bâtiment accueillant son siège social et son agence d’Annecy. Ce bâtiment est l’un des plus performants énergétiquement de France, avec 630 m2 de panneaux solaires et 12 sondes géothermiques, des puits canadiens, une cuve enterrée de 30 m3 pour récupérer les eaux pluviales, une véranda et une terrasse couverte et … le terrain de 1000 m² de pelouse converti en verger/potager conduit en permaculture.
« Redonner obligatoirement une vocation agricole à la partie consacrée aux espaces verts ». Dès la prise en main du terrain, il est décidé de créer des systèmes auto-productifs, s’appuyer sur la nature, rechercher un équilibre et se reconnecter ainsi à la biodiversité.
Comment est organisé ce jardin ?
Ce verger-potager bénéficie de méthodes culturales totalement naturelles ne faisant appel à aucun intrant de synthèse. Cet espace propose aux salariés de découvrir un grand choix d’espèces. Ce n’est pas un potager traditionnel, mais un jardin « fouillis » où les végétaux différents se côtoient et s’entraident ; un laboratoire où évolution et remise en question sont permanentes. L’abri protecteur testé pour 2-3 pieds de tomates abrite maintenant du persil qui s’y est installé et ressemé, car il a besoin d’un sol sec en hiver…
Pommiers, pruniers, figuiers, cornus mas, vignes en tonnelles, lianes, petits fruits plus ou moins classiques, ragouminier, légumes, aromatiques, plantes mellifères, vivaces, etc. plus de 550 espèces et variétés sont présentes. Par exemple, une bordure de plantes aromatiques rampantes, avec une dizaine de variétés de thyms et sarriettes, longe le trottoir de l’impasse qui conduit au bâtiment de l’entreprise…
Quelles sont vos méthodes de jardinage ?
Ici, quartier des Glaisins (glaise…), la terre est très argileuse et a nécessité un gros apport de matière (sable, litière de cheval, broyat, …) pour arriver au sol actuel, riche et souple par endroit, mais encore trop asphyxiant ailleurs. Le terrain n’évacue pas l’eau des pluies de manière durable et des flaques sont présentes en hiver, d’où la nécessité de surélever les planches de culture toujours végétalisées ou paillées.
« C’est un espace singulier, à mi-chemin entre le jardin des curiosités, l’unité expérimentale et le verger-potager producteur de fruits et légumes jamais traités, peu arrosés et peu taillés. C’est la recherche du meilleur compromis entre rendement et autonomie de croissance, ce qui peut intéresser les amateurs comme les professionnels, très à l’écoute de cette démarche. » M.Marchesi
Plus précisément, comment cultivez-vous ?
Une volonté de travailler avec la nature en intervenant le moins possible de façon agressive, de rechercher des plantes autonomes et résistantes, de s’appuyer sur les interactions entre plantes, de recycler la biomasse fournie par le jardin (terreau, compost, paillage, …), de réaliser un écosystème équilibré.
Qui entretient le jardin au quotidien ?
C’est Maurice Marchesi, horticulteur, paysagiste, jardinier curieux, observateur, inventif, qui fait vivre ce merveilleux terrain de jeu, avec ses choix axés sur la diversité des plantes, leur résistance naturelle, leur capacité d’autonomie et d’adaptation, etc. Il est également en charge, selon la même démarche, de deux autres jardins que l’entreprise possède en Haute-Savoie, à Rumilly et à Ayze.
Justement, sans jardiner eux-mêmes, comment les salariés profitent-ils de cet espace ?
Les salariés profitent de la diversité visuelle considérablement plus importante qu’une pelouse stérile, d’un espace de détente apprécié et d’une diversité d’espèces que la grande distribution ignore. Ils sont incités à venir grappiller les petits fruits mûrs et peuvent acheter les fruits et légumes qui leur sont régulièrement proposés.
Le coût de création et d’entretien du jardin représente un budget conséquent. Comment le rentabilisez-vous au niveau de l’entreprise ?
Au départ, il y a eu un investissement pour l’amélioration du sol, des apports de sable, de litière de cheval et broyat ont été nécessaires. Actuellement il n’y a pas de mécanisation mais l’utilisation de la grelinette. Il y a une vraie volonté de ne pas dépendre du système commercial ; de recycler, de récupérer les déchets verts des entreprises de proximité et le maximum de matière organique au rebus (foin mouillé, litière de cheval, feuilles mortes…). Faire le maximum en interne : récolte des graines, semis de fin d’hiver dans les bureaux pour bénéficier de la chaleur et des baies vitrées, réutilisation des gobelets en carton qui deviennent des godets, fabrication d’étiquettes de pieds-mères à base d’emballages en alu récupérés, etc.
La vente des fruits et légumes ne cherche pas à être rentable, elle est surtout pour les salariés qui accèdent ainsi à des variétés diversifiées, goûteuses, de première fraicheur…
Quels sont vos projets pour ce jardin ?
Il y a plusieurs projets en cours, notamment :
La création d’un bosquet fruitier en autonomie : une parcelle de 300 m2 a été plantée en mars 2023 avec une sélection d’espèces capables de se passer d’entretien, à suivre …
La « végétalisation » des bureaux : avec principalement des espèces succulentes, qui nécessitent peu de besoins en eau, pour faciliter l’entretien. Actuellement M. Marchesi réalise les boutures et ainsi « envahit » un peu l’espace véranda.
Est-ce que votre exemple a fait des émules parmi d’autres entreprises de l’agglomération annécienne ?
M. Vignoud souhaite voir se dupliquer ce type de projet mais cela reste encore difficile.
L’évolution du prototype du bosquet fruitier sera déterminante pour inciter les entreprises à adapter ce concept peu onéreux, peu chronophage et qui se veut visuellement agréable en toute saison.