Portrait de jardinier
René et Annie Guiraud, anciens instituteurs, font du jardinage naturel depuis toujours. Pionniers du jardinage à l’école, ils continuent d’observer et d’étudier la nature et sa biodiversité à travers la pratique d’un jardinage raisonné et tolérant. Leur savoir-faire est caractérisé par une bonne utilisation des insectes utiles, des variétés locales et une amélioration permanente des techniques respectueuses de l’environnement…
Tous les anciens élèves qu’il rencontre lui parlent d’abord du jardin de l’école. « Aucun élève ne rechignait pour y aller. Au jardin, personne n’est en échec. Du dernier de la classe au premier, tous les enfants sont sur un pied d’égalité ». René évoquerait pendant des heures le souvenir de cette expérience avec les élèves. Le jardin est un merveilleux support pour apprendre aux enfants le respect de la nature et le respect en général. C’est aussi un merveilleux moyen d’apprendre les mathématiques. « Dans un jardin tout peut être évalué, compté. On peut faire de la géographie –à travers par exemple les variétés de choux-, de la grammaire, des sciences, de l’histoire,… ». Ces multiples souvenirs d’école sont aujourd’hui consignés et reliés dans un grand livre relié que René et Annie feuillettent avec une pointe de nostalgie et beaucoup de fierté !
Leur vision du jardin
L’école de la tolérance
« Au jardin il faut savoir être tolérant ! » aime à dire explique le maître du jardin. Y compris avec les ravageurs et les plantes malades, peut-on traduire. Ici pas question de se précipiter sur le sécateur et encore moins le pulvérisateur à le première tâche ou au premier puceron venu ou même de renoncer au premier échec. Il faut d’abord privilégier les équilibres entre les occupants du jardin.
René traite peu ou pas et toujours avec des produits agréés en agriculture biologique. Lorsqu’une plante est malade ou montre des signes de fatigue sans raison apparente, René applique le principe de tolérance. Souvent une ou deux plantes montrent des symptômes et en général, les nouvelles feuilles qui apparaissent sont saines. René connaît peu d’échecs. « Et même en cas d’échec, ce n’est pas une raison pour revenir en arrière », explique-t-il à propos de ces pièges à carpocapses, si prometteurs et pourtant si peu efficaces qu’il a acheté pour protéger ses pommiers. ‘J’aime mieux avoir cette année quelques pommes véreuses, plutôt que de revenir en arrière et sauter sur le premier produit venu. Autre exemple : un pied de vigne donné par un ami a été planté le long d’un mur. ‘Je veux prouver qu’il est possible d’avoir de la vigne sans traiter’. Une pulvérisation à la bouillie bordelaise sera faite si nécessaire.
Le jardin en pratique
Le potager
Il fournit tous les légumes de la famille. Bordé tout le long d’aromatiques, il comprend tous les légumes classiques tout en laissant une large place aux variétés locales comme par exemple l’oignon des Cévennes, un oignon blanc particulièrement doux et adapté à la région. René Guiraud pratique dans la mesure du possible les cultures associées. Contre la mouche de la carotte, des essais concluants ont été menés avec culture associée d’oignon et voile anti-insectes.
« J’essaie de respecter la rotation des cultures. Les cultures se succèdent sur les parcelles en faisant attention à alterner les familles de légumes alliacées, brassicacées, solanacées…et en alternant les cultures qui enrichissent le sol comme les fabacées et celles qui l’épuisent comme les pommes de terre. »
Fleurs associées
Les fleurs réputées attirer les insectes comme la bourrache se ressèment çà et là au milieu des légumes. Tout le long des allées des aromatiques ont été plantées en bordure ; elles hébergent un grand nombre d’auxiliaires utiles aux pollinisations. Passionné de ‘Sciences naturelles’, René observe et protège tous les insectes. « Je réserve un pied de fenouil pour le machaon qui en est friand. J’ai remarqué aussi que les blettes servent souvent de nourriture aux coccinelles. Je favorise aussi les bourdons qui aiment polliniser les haricots ».
Pour en savoir plus sur les associations de plantes.
Rendre le sol fertile
Très argileux à l’origine, le sol a été enrichi régulièrement par des apports de compost et des techniques de culture adaptées pour améliorer la fertilité. René reste un adepte du bêchage traditionnel à la main. ‘Je suis cependant ennemi de la motobineuse et de tout travail avec une machine en raison de son impact négatif sur la structure et la vie du sol ‘. Le bêchage précédé d’un bon apport de compost maison est fait en automne à l’aide d’une fourche –bêche bien aiguisée. Au printemps, une simple aération est pratiquée en plantant la fourche bêche dans le sol et en pratiquant un mouvement d’avant en arrière. La terre enrichie et ameublie par le gel s’émiette alors sans difficulté, prête pour le semis.
Le paillage
La plupart des cultures sont paillées à l’aide de foin récolté chaque année dans terrain situé dans la Montagne Noire et qu’ils cultivent en verger. Le jardin dispose d’un grand bac de compost à l’air libre qu’il a maçonné et creusé dans le sol. Le compost est divisé en trois zones. Les déchets verts frais, le compost en cours de décomposition active et le compost mûr. Le compost passe progressivement par toutes les phases. Une vie intense et une multitude de vers rouges s’activent pour fournir annuellement plus d’un mètre cube de compost bien mûr. René achète en plus chaque année du fumier de mouton pour compléter la fumure du sol.
Leurs conseils
Sept bonnes idées pour accueillir les animaux utiles
- Un bain pour les oiseaux : Une coupe remplie d’eau disposée à l’entrée du jardin sert aux oiseaux à la fois de baignoire et d’abreuvoir. Petits et gros oiseaux utilisent l’eau pour se lisser les plumes, ce qui permet de rendre leur plumage isolant et imperméable. L’eau doit être disponible toute l’année, y compris pendant l’hiver.
- Une bûche pour les abeilles maçonnes (ou osmies) : Prenez une demi-bûche de bois noble et percez-la d’une multitude de trous à l’aide d’une mèche de 6 mm. Suspendez-la dans un coin calme du jardin et surveillez le va-et-vient des osmies qui ne saurait tarder.
- Un nichoir à bourdons : Prenez un pot en terre cuite de 15 à 20 cm de diamètre et enterrez-le dans le sol de façon à ce que l’orifice soit au niveau du sol. Pour éviter que l’eau ne pénètre dedans, faites un petit parapluie à l’aide d’une pierre plate ou d’une ardoise que vous poserez sur deux supports à l’entrée du trou.
- Un abri pour les hérissons : A la base du tas de bois, disposez en parallèle deux grosses bûches que vous recouvrirez d’une pierre plate ou d’une ardoise de façon à ménager une entrée.
- Lavande et bourrache pour les abeilles : Au potager, laissez pousser et se ressemer quelques pieds de fleurs pour nourrir et favoriser les abeilles.
- Un nichoir pour les charpentières : Les abeilles charpentières ressemblent à de grosses guêpes noires mais elles sont sans danger. Pour les favoriser, remplissez un tube en carton épais de tiges creuses de bambou ou de sureau et suspendez-le dans un arbre ou sur la façade d’un abri de jardin.
- Du fenouil pour les machaons : Les papillons pondent sur la plante qui nourrira leur chenille. Le fenouil sert de nourriture à ce superbe papillon.