Lauréate 2015: le jardin de Sandrine Boucher à Pelussin (42)

Portrait de jardinière

Sandrine Boucher et Alban Delacour ont acquis ce chalet d’altitude en 2006 pour y passer leurs fins de semaine et leur rare temps libre. Le grand terrain de 2500 m², humide et froid en hiver, était envahi de sapins et de ronces. Seuls un rosier rouge et quelques iris survivaient au milieu des broussailles. Et là où d’autres auraient vu une tâche insurmontable, le jeune couple de citadins lyonnais y a vu comme une promesse. Jardiniers néophytes, ils ont fait le pari d’y créer un jardin à la fois nourricier et agréable à vivre avec un minimum d’entretien.

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Journaliste et auteure, Sandrine a raconté leurs aventures et leurs découvertes jardinières dans un livre pratique et plein d’humour, illustré par les photos d’Alban… Je ne jardine que le week-end, édité par Terre Vivante, de Sandrine Boucher et Alban Delacour.

Sa vision du jardin

Un jardin de week-end

Niché au creux d’un vallon de montagne, à 800 m d’altitude, le jardin de Sandrine Boucher et d’Alban Delacour est l’exemple même du jardin du dimanche : entretien minimal et plaisir maximal ! Curieux et enthousiastes, ils ont fait de ce lieu leur terrain de jeu et d’expérimentation, avec la nature comme alliée.

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Nécessité faisant loi, les propriétaires ont dû composer avec la nature environnante et apprendre le jardinage pour mieux le réinventer… Sandrine souligne avec humour les difficultés dans la mise en œuvre dans son jardin du dimanche, de certaines recommandations péremptoires lues dans les manuels de jardinage : ‘Traiter après chaque pluie. Sarcler régulièrement entre les rangs. Ramasser les haricots chaque jour. Aérer les châssis par temps ensoleillé. Planter en jours-racines du calendrier lunaire ‘.  «Quelle corvée ! Et puis, comment faire lorsqu’on n’est  pas là ? Je lis et je me documente beaucoup, mais j’aime qu’on m’explique pourquoi il est indispensable par exemple de tailler exactement au-dessus du 3ème œil ! », ajoute la jeune femme qui aime se faire sa propre opinion.

Le jardin en pratique

Des plantes sans entretien

Le  premier principe du jardin de week-end est d’accueillir des plantes rustiques, qui demandent peu d’entretien, et de les installer au bon endroit. Le jardin compte ainsi à la fois des plantes sauvages et des plantes introduites. Les berges du ruisseau qui borde la propriété sont une aubaine pour les iris,  les pétasites, les massettes et les salicaires. D’origine sauvage, elles ont ici été introduites. De leur côté, les fougères et l’eupatoire ont poussé toutes seules. Un peu plus loin l’aspérule odorante, les luzules et l’astrance forment des massifs de vivaces à l’allure sauvage. Sandrine choisit soit des espèces sauvages (onagre, germandrée, molène…), soit des espèces horticoles proches du type botanique qui peuvent se naturaliser comme le Geranium phaeum qui se ressème partout, la rose de Noël, et le chardon bleu.  Elle fait souvent plusieurs essais à différents emplacements jusqu’à trouver le bon endroit.

Geranium rheum : il se ressème tout seul

La nature comme alliée

L’autre grand principe des « intermittents » du jardin est de laisser faire la nature en leur absence. Plutôt que de retourner le sol, mieux vaut faire travailler les vers de terre. Plutôt que de traiter, mieux vaut favoriser les auxiliaires. Plutôt que d’installer des plantes exotiques, mieux vaut choisir des plantes rustiques et proches des plantes sauvages. Bref, avant d’agir mieux vaut… ne rien faire et prendre le temps d’observer.

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A la conquête de l’espace

La mise en culture des diverses parties du jardin a été faite de façon progressive. De grandes zones ont été volontairement laissées en friches pour accueillir les petits animaux et les auxiliaires. Mais une grande partie du terrain en pente a été aménagé en terrasses et banquettes. Les retenues de terre ont d’abord été façonnées en branchages puis aujourd’hui en planches et en murets de pierres sèches récupérées sur le terrain. Une fois débroussaillé, le sol est recouvert d’une couche opaque de cartons et de journaux. Après trois ou quatre mois, il ne reste qu’à briser les grosses mottes à l’aide d’une griffe. Le sol ameubli peut alors être facilement mis en culture. Dans certains cas, il est aussi possible de laisser le carton en place et de planter au travers.

Ses conseils

Recycler sur place: un apport régulier de compost et de déchets de gazon et de taille suffit ensuite à créer et entretenir la parcelle. Le principe est de  maintenir le sol couvert. Sandrine et Alban utilisent pour cela les feuilles mortes, les herbes sèches et tous les déchets végétaux, sans nécessairement passer par une phase de compostage, en essayant à chaque fois de cibler le type de paillage. Par exemple, les déchets de taille de tomates sont déposés entre les rangs des radis ou navets pour repousser les altises.

Sandrine se met souvent au défi de trouver à proximité immédiate tout ce dont elle a besoin comme matériau : tuiles, pierres, branches mais aussi bidons, récipients et pots trouvent entre ses mains une nouvelle vie. La seule limite est de ne pas utiliser des papiers glacés, des bois traités et des bidons de produits nocifs ou polluants.

tuyau poreux et paille

Un arrosage simplifié : un ruisseau court dans le terrain. L’eau de montagne très fraîche est d’abord versée dans un grand bidon pour se réchauffer avant d’être distribuée par tuyaux poreux aux plantes fragiles (semis, jeunes plantations…). Le pluviomètre est aussi un accessoire indispensable pour évaluer les précipitations en l’absence des jardiniers.

Les récoltes de plantes sauvages: Sandrine glane volontiers quantité de plantes dans les prés environnants et dans son terrain : « On connaît le pissenlit mais bien d’autres feuilles sont délicieuses, crues ou cuites : le mouron blanc, la cardamine, la violette, l’achillée, le plantain, la bourrache, le sedum, l’oseille, le chénopode et l’amarante, les orties (cuites !), l’onagre et la consoude ». La nature offre en toutes saisons de belles opportunités de récoltes sauvages, de découvertes et de partages.

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