L’Ecole Du Breuil, qui est située dans le bois de Vincennes, a été labellisée Zéro Phyto dès 2003, pour les arbres. Thierry, responsable des cultures fruitières, témoigne du passage délicat d’une culture utilisant de nombreux traitements au zéro phyto…
Dans un premier temps, les premiers pas ont été douloureux. L’École Du Breuil représente 24 ha de production dont 6 000 m² d’arbres fruitiers. « Le passage au zéro phyto a d’abord été une expérience brutale, témoigne Thierry Régnier.Un seul exemple : sur les 55 variétés de pêchers cultivées, seules 15 ont survécu aux attaques de cochenille rouge et de cloque. Tous les arbres mouraient les uns après les autres. Arrêter brutalement était une erreur ! »
Des essais concluants
Dans un premier temps, des essais de traitement aux huiles essentielles ont été menés en collaboration avec Eric Pétiot. Pour le responsable du verger, « ces traitements avaient un réel effet insectifuge et fongifuge. Nous avons aussi testé des phytostimulants comme des pulvérisations d’algues et de purin d’ortie, des perfusions d’huiles essentielles et des emplâtres d’argile et d’essence d’eucalyptus contre les chancres… Et nous sommes passés progressivement d’une trentaine de traitements chaque année à seulement une douzaine. »
Au bout de quelques années d’observation, ces traitements qui n’étaient pas homologués ont été arrêtés. Depuis 2010, le verger est revenu au zéro phyto. Résultat ? La faune auxiliaire s’installe progressivement toute seule. Mais il fallait du temps et ne pas brûler les étapes !
Bonnes pratiques à retenir
Au verger de l’École Du Breuil, les jardiniers ont aussi progressivement modifié leur façon de penser. « Les arbres sont plus écartés pour permettre une bonne circulation de l’air. La faune auxiliaire est favorisée par la présence de haies et de prairies fleuries en bordure du verger, d’allées enherbées. » Un essai de BRF a été fait en couverture du sol, mais celui-ci a un inconvénient important puisqu’il a tendance à favoriser la prolifération des campagnols. Pour éviter la persistance des maladies et ravageurs, les feuilles et branches malades sont éliminées et brûlées. En plus, des bandes enherbées et fleuries ont été semées.
Aujourd’hui, on observe moins de ravageurs et de maladies et les quelques interventions se limitent à quelques rares ravageurs comme le carpocapse de la pomme ou la mouche de la cerise. Car pour Thierry Régnier, « la multiplication des traitements inhibe les défenses naturelles. Les arbres traités en permanence sont habitués à ne pas se défendre. »
Stimuler les défenses au lieu de faire la guerre aux ennemis, n’est-ce pas après tout la voie de la sagesse…