Situé au cœur de Paris, le jardin du Luxembourg est un haut lieu de la botanique, célèbre par sa collection d’orchidées, mais aussi par son verger-école et ses 600 variétés fruitières. On y trouve la collection nationale de pommiers et de poiriers. Du côté des phytos, la transition vers une gestion plus écologique est en route.
« Le jardin du Luxembourg est un lieu particulier, explique Franck Delalex (responsable du verger conservatoire du Sénat), caractérisé par des températures très élevées et par des écarts jour/nuit beaucoup plus réduits qu’en dehors de la ville. Les analyses de sol ont montré une très forte teneur en cuivre, due à la multiplication des traitements à base de cuivre, mais aussi de fortes teneurs en phosphore et potasse avec un pH du sol élevé. On a pu constater par ailleurs que les sols sont très tassés et pauvres en vie biologique ».
La première mesure a donc été de remplacer la fertilisation minérale par des fertilisants organiques et de privilégier les paillages pour améliorer le développement des arbres. Un programme de renouvellement des arbres est aussi envisagé.
La diminution des traitements
Ici, la décision de traiter (ou pas) dépend du végétal visé et du ravageur. Franck Delalex rappelle que « les attaques de pucerons ne posent pas de problèmes sur un arbre adulte. En revanche, ils peuvent être fatals à un jeune sujet pour lequel ils bloquent toute photosynthèse ».
Le programme de traitements a été considérablement allégé pour les fruitiers. Il comporte 10 traitements chaque année intégrant du cuivre, irremplaçable, de l’huile de colza et de l’alcool à brûler dilué (contre les pucerons lanigères).
La vigne est une plante plus difficile à cultiver sans traitements. Pour elle, des essais de pulvérisation d’argile ont été entrepris. Les produits utilisés sont tous agréés jardin. Et dans tous les cas, la zone traitée est fermée au public au moment du traitement.
Résumé du suivi sanitaire du verger
À titre préventif :
- Des pièges sont posés pour détecter la présence d’insectes (hoplocampe, carpocapse, mouche méditerranéenne…) et pour limiter leurs dégâts (attraction par piège à phéromones et/ou par carton de couleur englué).
- Les fruits sont ensachés pour les protéger contre le carpocapse. On évite ainsi les traitements phytosanitaires contre les dégâts sur fruits (tavelure, oïdium, pourriture grise de la vigne…).
- Les techniques culturales utilisées placent l’arbre dans les conditions optimales de développement en tenant compte des périodes de taille, d’une fertilisation équilibrée, du choix du porte-greffe.
- Des traitements d’hiver sont faits à base d’huile de colza ou vaseline.
À titre curatif, une observation précise permet de définir un moyen de lutte adapté. On recherche dans le cas des parasites un prédateur naturel (pose d’abris…).
Les éventuelles interventions chimiques se font selon le degré de nuisibilité, selon l’âge de l’arbre, son stade de développement. Certains parasites demandent des traitements localisés (pucerons lanigères), d’autres des traitements sur l’ensemble des arbres (oïdium, psylle).
En 2011, seuls 5 traitements phytosanitaires ont été faits. La Fredon Ile-de-France effectue un relevé hebdomadaire sur le carpocapse et la mouche méditerranéenne des fruits.