Le vaste monde de la pollinisation
Une partie des informations contenue dans cet article est issue du MOOC Pollinisateurs édité par Tela Botanica en 2023.
Les végétaux ont la capacité de se reproduire de manière sexuée ou asexuée. Ces types de reproduction exercent une influence sur la vitesse d’adaptation et/ ou la robustesse face aux facteurs environnementaux :
La reproduction asexuée permet à une plante de se reproduire à l’identique à partir d’un élément de la plante mère. Dans la nature, de nombreuses plantes ont cette capacité de multiplication par marcottage qui leur permet de coloniser rapidement une surface.
La reproduction sexuée, elle, combine le patrimoine génétique d’une plante mâle avec celui de la plante femelle et donne ainsi naissance à un nouvel individu différent de ses parents dans le cas d’une fécondation croisée (plante allogame). Dans le cas d’une autofécondation, chez les plantes autogames, les nouveaux individus seront génétiquement identiques entre eux et avec leurs parents. Il n’y a donc pas besoin de transport du pollen. La reproduction sexuée d’une plante allogame nécessite le transport du pollen vers le pistil de la plante femelle, ce qu’on appelle la pollinisation.
Comment se déroule la pollinisation ?
La pollinisation est la fécondation d’une fleur femelle (au niveau du pistil) par le pollen émis par les étamines (organes mâles). Le pistil et les étamines peuvent être présents sur des fleurs différentes sur une même plante, ces plantes sont dites monoïques. C’est le cas notamment de la famille des cucurbitacées dont les fleurs mâles s’ouvrent avant les fleurs femelles dans le but de pouvoir disposer à coup sûr de la quantité de pollen nécessaire pour assurer les premières fécondations. Les fleurs mâles et femelles peuvent être portées par des plantes distinctes, ces plantes sont dites dioïques. C’est le cas de l’actinidia, plante sur laquelle pousse le kiwi. Dans le cas des plantes hermaphrodites, les organes de reproduction sont présents simultanément dans la même fleur ou encore se succéder dans le temps sur une même plante.
La pollinisation est le mode de reproduction d’environ 80% des plantes à fleurs et permet la formation de fruits et de graines. Une très grande partie des plantes cultivées pour l’alimentation humaine et animale est produite grâce à la pollinisation.
Les différents modes de pollinisation
Les insectes forment une grande partie des pollinisateurs : on parle alors de pollinisation entomophile, mais il peut aussi s’agir d’oiseaux ou de petits mammifères, principalement dans les territoires d’outre-mer. Cependant, d’autres modes de pollinisation existent. Dans le cas des graminées et des pins, une grosse quantité de pollen est produite par les plantes et transportée par le vent, il s’agit de la pollinisation anémophile. Il existe aussi, pour certaines plantes aquatiques, un mode de dispersion du pollen dans l’eau grâce aux courants, c’est la pollinisation hydrophile. De petits invertébrés aquatiques peuvent aussi transporter le pollen dans l’eau.
Les plantes dépendantes du transport du pollen par les insectes ont développé des stratégies efficaces pour attirer les insectes pollinisateurs. L’évolution des caractères tels que la couleur, la forme des fleurs et des pétales ou encore des motifs sur les pétales ainsi que la diffusion de molécules chimiques odorantes attractives permettent aux plantes d’optimiser leurs chances de se reproduire. Ces stratégies sont issues d’une coévolution qui a débuté il y a 170 millions d’années.
Les insectes pollinisateurs
Bien que l’abeille domestique soit l’emblème des insectes pollinisateurs, il existe de nombreux autres insectes qui participent à la pollinisation. Ces insectes se nourrissent du nectar (liquide sucré produit par les plantes au cœur des fleurs) et pour certains de pollen produit par les fleurs et se chargent de grains de pollen à cette occasion. Les grains de pollen sont ainsi transportés et disséminés dans chacune des fleurs visitées ensuite. Ces insectes peuvent avoir des régimes alimentaires différents en fonction de leur stade de développement. Les larves sortent des œufs pondus à proximité de leur source de nourriture, feuilles ou fruits pour les chenilles, colonies de pucerons pour les syrphes. Une fois la croissance de la larve terminée, elle se transforme en nymphe puis le dernier stade : l’adulte.
Il existe une spécificité de pollinisation entre les insectes et les fleurs. Tous les insectes pollinisateurs ne se nourrissent pas du nectar des mêmes fleurs. Certaines espèces de plantes à fleurs sont exclusivement pollinisées par une espèce d’insectes alors que d’autres sont plus généralistes. La forme des fleurs et l’insertion des pétales jouent un rôle prépondérant.
En métropole, 4 grandes familles composent l’essentiel des insectes pollinisateurs : les hyménoptères, les diptères, les lépidoptères et les coléoptères. Si chacune de ces familles occupe des niches écologiques différentes, elles ont en commun d’être sensibles à la pression anthropique et d’être en déclin.
Des interactions plantes – pollinisateurs perturbées
Différents facteurs de perturbation sont impliqués dans la perturbation de ces interactions. Parmi ceux-ci, le changement climatique a plusieurs conséquences :
Un décalage temporel entre les périodes de floraison et l’émergence des insectes pollinisateurs : les températures plus clémentes en hiver favorisent une floraison précoce des plantes alors que les pollinisateurs ne sont pas encore présents.
Un décalage géographique pour les insectes sensibles aux trop fortes chaleurs qui se déplacent géographiquement pour rechercher des températures plus adaptées, mais leur source de nourriture ne migre pas à la même vitesse.
La pollution lumineuse, notamment dans les zones urbaines, a aussi des répercussions sur les effets sur le développement des plantes et se répercute sur les pollinisateurs nocturnes comme diurne.
Comment favoriser la présence d’insectes pollinisateurs au jardin ?
Les insectes pollinisateurs ayant des interactions avec une espèce végétale en particulier sont les plus fragiles en cas de disparition de l’une ou l’autre des parties. Les insectes pollinisateurs plus généralistes ont plus de chances de s’adapter à l’érosion de la biodiversité végétale. C’est pourquoi il est important d’avoir le moins d’incidence possible sur cette biodiversité. Veiller à ne pas privilégier certaines espèces d’insectes au détriment d’autres en ne fournissant qu’un type d’habitat ou de source de nourriture. Cela peut être notamment le cas avec le succès des hôtels à insectes. Plébiscités par de nombreuses personnes sensibles à la protection de la biodiversité, ils peuvent avoir l’effet inverse en privilégiant certains insectes au détriment d’autres. Megachile sculpturalis par exemple, est une abeille originaire d’Asie, qui s’installe en France depuis 2008 grâce aux hôtels à insectes et en particulier aux bûches percées, d’où elle déloge les abeilles indigènes (Le féon et al.,2021).
Au jardin, pensez à diversifier les espèces végétales, implanter des haies champêtres, favoriser les plantes locales et les variétés sauvages pour proposer des ressources trophiques variées.