Portrait de jardinier
Dès la retraite, Guy Beaudet s’est lancé à corps perdu dans sa passion dévorante du jardin. Aménagements, plantations, potager, Guy s’est recréé un univers et… un petit paradis où il donne libre cours à son imagination. Son plaisir est aussi de partager sa passion avec les associations et les visiteurs… Rencontre avec un jardinier inspiré !
Guy fait partie du groupe des ‘Arom@tics’, un groupe de passionnés créé au sein de l’Université du Temps Libre. Ces 28 jardiniers se réunissent cinq fois par an pour échanger leurs pratiques, leurs plants et partagent tous les ans un grand repas préparé avec les produits du jardin de chacun.
Guy a d’ailleurs une seule inquiétude, celle de tomber dans la routine et de nouveaux aménagements sont toujours planifiés. La pergola, le sentier au milieu des bambous et le long du ruisseau, la réfection de la levée d’étang… Il reste toujours un peu de temps pour écouter les oiseaux, le chant du grillon, le sifflement du crapaud accoucheur et pour s’adonner à sa passion de la photo qui lui permet de fixer et de partager encore ses plus belles émotions…
« Il y a 27 ans, se souvient Guy Beaudet, lorsque le lotissement s’est implanté dans les faubourgs de Mayenne, ce grand terrain accidenté et en friche -une ancienne carrière- ne trouvait pas preneur ». Deux décennies plus tard, Guy ne regrette rien. « Ce lieu était fait pour moi. De l’avis de tous, nous en avons fait un petit paradis ».
Sa vision du jardin
Un jardin ludique et animé
Guy aime à jouer avec les mots. Les deux poteaux EDF se sont couverts de vigne vierge, ce qui le ravit. « Je les ai rebaptisé ‘Écologique De Force’, c’est la revanche de la nature sur la technique! »
Chaque objet détourné trouve ainsi un nouveau nom aux yeux de Guy et son jardin s’est peu à peu transformé en livre ouvert.
Ainsi, la vaste pelouse qui entoure en partie la terrasse est-elle devenue un terrain de Land Art. Guy y a dessiné… une baleine. « Je m’amuse aussi à trouver des poèmes tôt le matin en tondant ma pelouse ! En plus, mes textes et poèmes sont écrits pour être lus sur place…
« Par exemple le massif de grands arbres qui domine l’étang est pour moi comme un orchestre qui joue une symphonie ! »
En 1986, le ruisseau a été détourné pour alimenter un bel étang. Aujourd’hui ce ne serait plus possible. L’étang apporte beaucoup de vie, des oiseaux, des insectes….et les arbres qui s’y reflètent. Une île artificielle sert de port d’attache et de nurserie pour les cols verts.
Un panneau routier illustré d’un héron, d’une grenouille et d’un colvert puis un ponton en forme de libellule donnent le ton. Ici le jardin est un support pour les multiples créations du propriétaire, inspirées dans d’autres jardins ou bien nées de son imagination.
Le jardin en pratique
Détournement et recyclage
Très bon bricoleur, Guy ne jette rien et trouve une nouvelle vie à nombre d’objets d’aménagement et de décoration.
Une cabane observatoire à oiseaux a été fabriquée à l’aide de roues de charrette cerclées, de lattes de charpente et d’un rail de porte de garage.
Pour éviter la pousse des herbes dans les allées du potager, Guy les a simplement recouvertes de bâches de camion de couleur verte mises au rebut. Un système très efficace qui solutionne le désherbage.
Une grande biodiversité
Le jardin ne renferme pas de plantes rares ou originales mais beaucoup de plantes vivaces et d’arbustes du bocage mayennais. Un grand nombre étaient déjà présents d’autres sont arrivés apportés par les oiseaux et par le vent.
C’est avec beaucoup de plaisir que Guy aime à repérer les nouvelles plantes arrivées ‘du ciel’.
Un relevé floristique fait par Maurice Gérard (de Mayenne Nature et Environnement) a recensé 70 espèces d’arbres et d’arbustes, 150 variétés de plantes et 33 sortes de mousses. La biodiversité est telle qu’un apiculteur a installé deux ruches dans un sous-bois au fond du terrain.
Le potager
Il récupère ses graines d’une année sur l’autre comme cette variété de haricot vert long fin sans fil (baptisé ‘Le Valserin’) et qui est transmise dans la famille depuis des décennies.
Quant aux tomates, Guy a trouvé un moyen génial d’avoir rapidement un grand nombre de pieds. Il sème d’abord mais bouture ensuite tous les rameaux taillés sur les premiers plants.
Une serre a été construite à flanc de coteau pour abriter les semis de persil et surtout les tomates et la vigne. Des récupérateurs d’eau totalisant 3500 litres permettent de faire plusieurs arrosages.
Un bonheur à partager
Pour Guy, le grand déclic a eu lieu lors des portes ouvertes pour l’opération ‘Bienvenue au jardin’ avec 200 visiteurs en 2011. Devant l’intérêt suscité par son jardin Guy s’est attaché à proposer des explications, des animations et des supports pour faire partager sa passion pour la nature et la biodiversité. Résultat ? Ce sont 588 personnes qui sont venues en 2012.
Pour les compter, Guy avait simplement distribué à chaque visiteur une noix en guise de ticket d’entrée… « C’est un grand bonheur d’avoir autant de monde même si c’est un grand stress, raconte Guy. » Le livre d’Or, rempli de louanges par les visiteurs, est une grande fierté.
Ses conseils
Ses conseils
Préserver les larves de cétoines au compost
Le compost mûrit dans deux grandes fosses de 8 m3. Il est élaboré avec tous les déchets du jardin, feuilles, broyats, auxquels est ajouté du crottin de poney. Le tas est retourné deux fois, une fois dans un sens, une fois dans l’autre. Chaque année, Guy compte le nombre de brouettes et évalue le tonnage de compost épandu dans les cultures. « Je préserve aussi les larves de cétoine très présentes dans le compost et que la plupart des jardiniers confondent avec des vers blancs. Ce sont des insectes très utiles au compost. »
La bêche au rebut
Depuis deux ans, Guy ne bêche plus. Il étale du compost en surface à l’automne et prépare le sol au printemps à la fourche écologique.
Un entretien très écologique
Depuis 2009, Guy ne pratique plus aucun traitement à l’exception d’un peu de bouillie bordelaise ‘si nécessaire’, contre le mildiou de la pomme de terre ou de la tomate et d’un peu d’anti-limace (à base de phosphate ferrique) pour les semis et jeunes plants de salade.
Guy respecte la rotation des cultures sur 3 ou 4 ans et teste associations, paillages et purins pour lutter contre la mouche du poireau ou de la carotte. Il a ménagé un carré d’orties pour favoriser coccinelles et autres auxiliaires et pour fabriquer du purin. De la paille dans des pots de terre et des petits fagots de tiges d’hortensias sont disséminés pour servir d’abris aux auxiliaires.