Portrait de jardinier
« Lorsque qu’en 2000 j’ai acheté le manoir avec un hectare autour, je me suis mis à rêver d’un jardin sauvage avec des plantes qui existaient au Moyen Âge », raconte Pierre Lemonnier. Mais c’est en 2006, dans le cadre d’une reconversion professionnelle, que tout a démarré.
« J’ai ouvert le domaine à la visite en mettant en scène une histoire avec Merlin l’enchanteur, avec des activités ludiques et pédagogiques pour les écoles maternelles et primaires, mais aussi pour les visiteurs individuels et les groupes d’adultes ».
Dans son jardin du Manoir de Merlin, Pierre Lemonnier privilégie les plantes sauvages et utiles présentes au moyen-âge et souvent classées de nos jours dans les adventices (Les plantes spontanées).
Cette abondance d’herbes ‘sauvages ‘ et minutieusement cultivées, peut dérouter certains visiteurs, à moins d’entrer ici avec un regard neuf comme celui d’un enfant… et là commence la magie !
Sa vision du jardin
Un rêve bien inspiré
Que vous soyez amateur de plantes, lutin, sorcier ou moldu, la visite du Manoir de Merlin ne vous laissera pas de marbre. Pierre Lemonnier mi enchanteur, mi jardinier, vous a concocté une visite originale. A la fois ludique, pédagogique, mais aussi très écologique, voilà bien une destination pleine de charmes…
Pierre Lemonnier s’est documenté et s’est inspiré du manuscrit d’Anne de Bretagne qui présente en 330 dessins, les plantes et la petite faune du Moyen Age. Avec un clin d’œil à l’histoire locale, puisque le Chemin de la Reine de Bretagne, empruntée par Anne de Bretagne pour aller de Rennes à Angers au 16éme siècle, est sans doute passé par là.
Le jardin est dit d’inspiration médiévale, car ‘Pierre alias Merlin’ ne s’interdit pas des plantes coups de cœurs comme ses rosiers ou sa collection de menthes…
Le jardin en pratique
La zone médicinale
On y trouve la guimauve, la balsamite, l’aunée et la ronce, le millepertuis, la cataire la tanaisie, l’alchémille, la sauge, le raifort et bien d’autres encore…Un jasmin médicinal grimpe le long des murs. Les enfants y découvrent le houblon (la plante à scratch), la molène (le papier toilette médiéval), la livêche (la plante à odeur de soupe), la marube (à odeur de moisi et de cachot) ou la raiponce (la plante de la princesse)…
Près de 43 panneaux indiquent le nom de la plante à côté de l’enluminure médiévale.
Tout autour des jardins thématiques, des haies et des prairies poussent plus ou moins librement. « On a semé une prairie fleurie et on espère enrichir régulièrement nos prés en fleurs sauvages en coquelicots et en bleuets », explique Pierre. Une partie des haies est taillée ‘à hauteur de vache’.
Les prairies sont fauchées une ou deux fois par an. Pierre peut aussi compter sur des aides de choc : deux brebis de la race Belle-Ile, une chèvre des Fossés, un jard et un âne…
Les brebis et la chèvre mises au piquet pratiquent de l’éco-désherbage et évitent le développement des ronces.
Des arômes et des aromates
Recréé à la manière du jardin de Charlemagne en carrés bordés de buis, il accueille des menthes, du thym, du romarin, de la balsamite, de l’armoise, des sauges… et toutes sortes de plantes aromatiques. Des carrés en bois ont été reconstitués avec au centre un cadran solaire.
La cabane et le potager de Merlin
A l’arrière du manoir, la cabane de Merlin est aujourd’hui un gîte pour le moins original. Le potager est entouré de palissades pour tenir les légumes hors de portée des animaux du manoir…
Ses conseils
Réguler les adventices
Comme dans tous les jardins, certaines plantes deviennent envahissantes. Recevoir des tout-petits au milieu des orties et des chardons peut vite devenir un problème. Il faut donc les réguler. « Pour la vergerette du canada, j’arrache manuellement avant la floraison.
Pour les orties, je coupe les têtes pour éviter qu’elles ne se sèment et dans certaines parties du jardin, j’arrache les racines l’hiver. J’arrache aussi le chardon des champs. Pour le chardon Marie, je coupe une grosse partie des têtes a près floraison et j’arrache une partie des pieds d’un an. »
Préserver la faune
Refuge LPO et Jardins de Noé, le site accueille une étonnante biodiversité en plantes et par voie de conséquences en oiseaux, insectes et plus généralement en petite faune.
Le long des limites du domaine, la haie bocagère abrite plusieurs fourmilières, signe d’un sol sain. Au Manoir de Merlin ces centaines de milliers de fourmis rousses dévorent une sorcière !
La mare est un point d’attraction pour la faune. Installée en 2011, elle accueille nénuphar, prêle, insectes et grenouilles. « La libellule déprimée, est la première à y avoir élu domicile. Le 8 mai nous avons vu sortir 40 libellules des exuvies le long des joncs », raconte Pierre qui inlassablement observe tout ce qui vit et tout ce qui bouge. Le dernier pommier est aussi resté sur pieds après sa mort. C’est un refuge à insectes grandeur nature.
« Au fil du temps, le jardin évolue. Je note les plantes qui se plaisent et qui attirent papillons, abeilles et autres insectes. Je laisse faire la nature dans les parties sauvages et je jardine dans mes petits jardins. Chaque année est différente et j’attends que Dame Nature me surprenne ! »
Pour en savoir plus sur la biodiversité au jardin.
Les bonnes idées à reprendre
- Le rond de sorcière… Ce grand rond au centre des pelouses a été colonisé par les citrouilles. Au départ, il s’agissait de tas de fumier mis à composter !
- Les cloches en bambous… Ils ont été placés sur les nids des bourdons de terre pour les protéger.
- La vigne avec la lavande… Une jolie association qui est réputée limiter les maladies.
- Le vinaigre des 4 voleurs (composé de cannelle, ail, sauge, absinthe, rue et tanaisie) hier utilisé par les voleurs qui détroussaient les pestiférés, celui qui est produit au manoir de Merlin est utilisé comme désinfectant dans les toilettes sèches…
- Le château aux insectes qui change du traditionnel hôtel à insectes…