Portrait de jardinière
Peintre animalière, Laurence Saunois a été reconnue en 2010 Artiste internationale de l’année au concours du BBC wildlife Artist of the year. Elle expose ses œuvres dans le monde entier et fait partie de la Society of Animal Artists of New York.
Elle a écrit sur son jardin, « Le jardin de Jammary, un jardin naturel sans arrosage ».
Pour Laurence Saunois, le déclic vers un jardinage plus proche de la nature a été sa première plantation : une azalée plantée près de l’entrée qui ne poussait pas. Déplantée, elle s’est aperçue qu’il n’avait fait aucune racine et ne faisait que survivre. L’idée qu’une relation étroite devait exister entre la plante et son milieu avait été semée.
Sa vision du jardin
Un jardin sans arrosage, inspiré par la nature
Situé tout près de Figeac, le jardin de Jammary est original à plus d’un titre. Conçu comme un tableau, Laurence Saunois y accueille de façon naturelle et sans arroser, plus de 800 espèces de plantes. Elle laisse une grande place aux plantes sauvages, mais aussi aux insectes et aux oiseaux….
C’est dans l’ancienne fermette de son grand-père que Laurence a décidé il y a 14 ans de se poser et de faire un refuge pour sa passion de toujours, la peinture. Elle y en a découvert une nouvelle pour la nature et le jardin, naturel…
Le Jardin de Jammary est cultivé sans produits et surtout sans arrosage, difficile à croire dans cette région où la température a atteint 45° à l’ombre en mai de cette année. Le secret ? Soigner la plantation et ensuite pailler abondamment.
Au potager : un entretien minimal
Le potager situé à l’arrière de la maison n’est ni l’endroit ni l’activité préférée de Laurence, de son propre aveu. Elle y privilégie les semis spontanés et les légumes vivaces. Laitues, blettes, tomates, se ressèment régulièrement. Elle a opté pour un jardinage sans travail du sol. Pour les légumes cultivés à partir de plants, les nouvelles planches et les zones libres du potager, Laurence utilise la technique des couches alternées qui consiste à apporter une couche épaisse de déchets de tonte et à la recouvrir d’une couche de compost. Les vers de terre remuent le sol et l’humidité est conservée. Le potager est le seul endroit du jardin qui bénéficie d’un arrosage. Les semis sont arrosés à l’arrosoir avec l’eau de récupération du toit de la grange qui est stockée dans de grands fûts.
5 points essentiels pour éviter d’arroser
- Privilégier les espèces adaptées aux terrains secs : sedums, sauges….
- Favoriser un enracinement profond des végétaux (voir la technique de plantation appliquée à chaque nouvelle plante).
- Épandre, au printemps après les pluies, une couche de compost au pied des plantes sur au moins 5 cm.
- Tondre les allées enherbées en réglant la tondeuse un peu haut pour que l’herbe ne sèche pas trop vite.
- Récupérer systématiquement l’eau de lavage des légumes dans un fût devant la maison pour arroser les plantes les plus sensibles.
Une biodiversité naturelle…
L’autre avantage de laisser les fleurs se transformer en graines sans les éliminer est de procurer un refuge à un grand nombre d’insectes et de la nourriture en abondance pour les oiseaux. Laurence a dénombré et souvent photographié plus de 65 oiseaux différents.
Ici presque toutes les plantes et tous les animaux ont leur place et leur utilité : La julienne des Dames sert de nourriture aux oiseaux… L’abeille charpentière (Xylocopa violacea) pollinise les iris… Entièrement couverte de pollen, elle se ballade de fleur en fleur. Les cétoines dorées grimpent à l’assaut des arums. La cardère à foulon attire les bourdons. Les pucerons servent de nourriture aux coccinelles. Les limaces et escargots nourrissent les hérissons. Bref, le jardin est une jungle où chacun a sa place.
Ses conseils
Comment planter pour éviter ensuite d’arroser ?
- Creuser un trou d’au moins 40 cm en tout sens
- Apporter un seau de compost bien décomposé au fond du trou
- Arroser au fond du trou avec 20 litres d’eau
- Apporter un peu de terre pour que les racines ne soient pas au contact du compost
- Tremper la motte et positionner la plante dans le trou
- Remplir le trou d’un mélange de terre et compost, tasser et arroser largement (10 litres)
- Pailler une bonne couche avec de l’herbe tondue…
Construire un muret de pierres sèches
Il permet de rattraper une pente inutilisable et de servir d’abri à une faune nombreuse et utile : lézards, couleuvre, hérissons, escargots, papillons, insectes variés. La base est creusée puis les pierres sont simplement empilées. De petites pierres permettent de combler les trous. Il est possible de prévoir des caches plus importantes (hérissons). Le muret sera ensuite colonisé par du lierre, des sedums, euphorbes, joubarbes…
Choisir des plantes adaptées à la sécheresse
Le jardin de Jammary accueille des plantes qui apprécient le soleil et supportent la sécheresse.
- Les aromatiques : sauges, menthes, thyms, romarin, sarriette, bourrache. Elles poussent ici partout dans les potées, dans les massifs.
- Les euphorbes : d’origine sauvage ou d’origine horticole comme l’euphorbe Characias ont toutes les qualités de couleur et de vigueur pour pousser dans un terrain sec.
- Les hémérocalles : Elles aiment les terrains secs et calcaires et résistent au froid. Il en existe de couleurs très variées. Ici les hémérocalles se croisent entre elles et se ressèment.
- Les sauges : la sauge sclarée, la sauge Grahamii et la sauge des prés sont parmi les plus résistantes à la sécheresse. Elles sont cultivées ici en mélange avec du gypsophile.
- Les sedums : Ils ne demandent aucun entretien. Les fleurs sèches qui se couvrent de givre en hiver sont laissées en place et recoupées tous les deux ans.
- Les iris : Ils résistent à la sécheresse et aiment le calcaire. Les rhizomateux restent en place, se ressèment et se marient avec les pavots et les sauges.