Portrait de jardinière
Vanessa Grosjean des Jardins de la Guinguette incarne une nouvelle génération de jardinières. Partant du rêve nostalgique du jardin de sa grand-mère, cette éco-interprète, chef de projet en éducation à l’environnement, a aménagé un lieu convivial, productif et créatif ! Vanessa souhaite créer une nouvelle activité centrée sur sa passion du jardinage. Son projet est d’ouvrir le jardin au public, aux écoles, aux groupes, de proposer des animations sur le jardin et pourquoi pas des cours de cuisine.
L’autre projet est de développer des jardins intergénérationnels dans les villages alentours. « Un jardin dans une école c’est bien mais ça pose des problèmes techniques d’entretien surtout au moment des vacances. Mon idée serait de développer des jardins sur des terrains municipaux en y associant les classes et les habitants. Ma pratique dans le domaine de la pédagogie sociale me conforte dans l’idée que le jardin est un support formidable pour créer du lien et ça fonctionne! »
Sa vision du jardin
Le jardin comme lieu d’expression
Le jardin est un lieu de convivialité. Vanessa aime à organiser ici des chantiers participatifs avec des amis. « Mais ce n’est pas que ça ! Ici, c’est mon espace d’expression. Pour moi le jardin a trait à l’enfance, c’est quelque chose qui nous ramène au vécu et où on crée de nouveaux souvenirs… En réalité j’ai vu mes grands-parents jardiner mais je me suis formée sur le tas. Du jour où j’ai emménagé ici, ça allait de soi. Je pense qu’aujourd’hui c’est un vrai privilège, un luxe de manger ce qu’on produit ! »
Près de l’entrée du jardin, une valise et une chaussure débordant de fleurs et de plantes donnent le ton.
Le jardin en pratique
Des plantes et de la vie
De loin, le potager familial ressemble un peu à une jungle de plantes de différentes hauteurs. Il faut y regarder de près pour apprécier l’organisation et la très grande diversité qui y règne. Ici chaque légume n’est représenté qu’à quelques exemplaires. Les fleurs sont omniprésentes. Des allées engazonnées permettent de cheminer entre les carrés et les planches. « Je ne cultive jamais de grandes planches d’une seule et même espèce, explique Vanessa.
J’aime l’aspect sauvage du jardin. Un jour, j’ai vu les carabes et les orvets, deux précieux auxiliaires pour le jardinier, s’enfuir devant la tondeuse. J’ai eu le sentiment de faire un massacre. Depuis, je tonds le moins possible. J’envisage même de remplacer la tondeuse par des brebis dans les années à venir, pour l’entretien des abords du jardins. »
Des plantes aromatiques et utiles
Le jardin accueille un grand nombre d’aromatiques : diverses variétés de menthe, de camomille (matricaire et romaine), de l’agastache, du basilic, du fenouil, de la bourrache qui se ressème, de la moutarde en engrais vert…, mais aussi de l’amaranthe, du ricin…Vanessa teste, sème, repique, bouture tout en privilégiant les fleurs pour les insectes pollinisateurs.
Elle utilise divers purins et macérations de plantes (ortie, tanaisie, chou..) comme engrais et pour limiter les maladies et les ravageurs. « Et contre les mulots, je connais une solution infaillible : le chat ! », ajoute Vanessa.
La serre made in ‘Les Jardins de la Guinguette’
La serre a été faite maison et construite lors d’un week-end entre copains. Elle héberge au printemps tous les semis, en été des tomates, des poivrons, des aubergines, des tomatilles et en hiver les plantes fragiles. Vanessa fait tous ses semis et produit une grande partie de ses graines. « Au printemps, je sème sur couche chaude de 40 cm d’épaisseur réalisée avec du fumier de cheval. C’est un travail de force, très physique avec l’acheminement de gros volumes de fumier sous la serre, qu’il faut ensuite déplacer et épandre sur les planches à la fin du printemps. »
La folie des sauges
De nombreuses sauges dont certaines sont spontanées, poussent au jardin. La sauge ananas a été donnée par un ami. « Mais ma préférée c’est ‘Lady in Red’ (la dame en rouge) qui a été ramenée de l’Isère. Pour moi, elle représente l’âme du jardin, je la cultive en mémoire de ma grand-mère qui adorait s’occuper des fleurs et dont la couleur préférée, vous l’aurez deviné, était le rouge. »
Favoriser les semis spontanés
La nature faisant spontanément des merveilles, Vanessa a ainsi eu de belles surprises. Autrefois, le jardin était celui d’un curé de campagne, et il a suffi de retourner quelques arpents pour mettre à jour des graines.
Vanessa a ainsi vu germer de magnifiques pavots mais aussi des tomates, des salades… »Je me suis aperçue que des graines jetées au compost comme celles de courges, et de salades germaient spontanément et donnaient de beaux légumes, bien plus résistants.
Il faut aussi laisser au sol et au jardin le soin de décider ce qu’il veut bien faire pousser ! » Le tournesol a ainsi repoussé d’une année sur l’autre de même que la consoude semée une seule fois et qui maintenant prend ses aises. « L’an prochain, j’envisage de réserver une zone test dans le potager afin de semer un mélange de graines et de laisser faire. »
L’utilisation des paillis
Le terrain, surtout dans sa partie basse est essentiellement constitué de limons de Bresse qui forment une croûte de battance à la moindre pluie. La solution ? Pailler, pailler, pailler ! « C’est ce que nous a recommandé la chambre d’agriculture au vu des analyses de sol. Personnellement, j’utilise du foin, de la paillette de lin, les tontes de gazon ou le broyat des branches. Une grande partie des déchets du jardin et de la maison est compostée. »
Des arrosages limités
L’eau de pluie est récupérée des toits des bâtiments et utilisée pour les semis et les plantes fraîchement repiquées et fragiles. « A part ça, on arrose très peu, voire pas du tout… Je laisse faire la nature. Même les tomates plantées sous tunnel ou en pleine terre ne sont plus arrosées dès que les fleurs apparaissent. Ainsi, les racines se développent et vont chercher l’eau plus en profondeur. »
Bonnes idées à reprendre
- Je sème de la moutarde entre deux cultures…
- Je mets des ardoises le long des fraisiers pour renvoyer la chaleur…
- Je teste l’association lin/pomme de terre, c’est utile en plus d’être joli!
- Contre le « cul noir », j’élimine la partie du fruit atteinte proprement avec un couteau bien affuté. « J’ai constaté que le fruit cicatrisait très bien, cela m’a permis de sauver une grande partie de la récolte. »