Portrait de jardinier
Brigitte et Patrick Bocquillon se sont installés il y a 20 ans dans une maison de ville avec un grand terrain tout en longueur de 1000 m². La rénovation de la maison a été la première priorité. Quant à la bande de terrain à l’arrière, la préoccupation était de se cacher de la douzaine de propriétaires riverains.
Des arbres de différentes espèces ont donc été plantés en lisière et le long des murs. Vingt ans plus tard, les arbres ont grandi et ils délimitent un écrin de verdure abrité des regards. La contrepartie est un ombrage parfois important. Au cours du temps, Brigitte a donc dû adapter son choix de plantes en fonction de l’évolution du jardin et a enrichi son jardin avec des plantes d’ombre : hydrangeas, hostas, lierres, fougères, etc.
Leur vision du jardin
Un jardin conçu comme une balade
Le secret du ‘Jardin des Sentiers’ est aussi celui qui lui donne son nom et se découvre au cours de la promenade. Des cheminements pavés de briques ont été réalisés au cœur même des massifs. « Ceci permet d’accéder aux plantes tout en plantant trois fois plus de plantes », explique Brigitte qui n’aime ni les pelouses ni la monotonie ! Les plantes ont d’abord été achetées dans les fêtes locales puis très vite le troc avec les amis jardiniers puis avec les autres membres de Jardins Passion, a permis d’enrichir la palette végétale. « C’est là où j’ai compris l’importance de l’étiquette, indispensable si on fait du troc, car les collectionneurs ne plaisantent pas sur les noms ! », raconte Brigitte en souriant.
Le jardin en pratique
Un plan apprivoisé
Une des principales contraintes du jardin était donc son dessin, tout en longueur. Brigitte en a fait un atout. « J’avais le plan dans la tête, se souvient-elle. Il fallait pour cela oublier la longueur et occuper l’espace au maximum. Je rêvais de me promener dans le jardin. J’ai donc coupé le fond et installé une première séparation vers les deux tiers. Au final, on a une succession de jardins différents dans lesquels on pénètre tour à tour, avec des fenêtres et des perspectives sur les autres parties du jardin. » Chaque massif, chaque tableau est ainsi un assemblage de plantes où rien n’est laissé au hasard.
L’importance de l’eau
Les concepteurs du jardin ont pris en compte l’importance de la gestion de l’arrosage et des points d’eau, dès le départ. L’eau est récupérée des toits de la maison et de la serre. Une mare a été aménagée dans la première partie du jardin, en enterrant un bassin préformé et en le plantant de diverses espèces de zones humides, de plantes aquatiques et de plantes de berges. Les massettes du Typha minima côtoient les lobelias. Plus loin, l’équinacétum aux belles tiges bien droites pousse dans de simples bacs. Clin d’œil à son ancien métier de photographe, Patrick Bocquillon a réutilisé des bacs de développement.
Un équilibre minutieux et réfléchi
Une grande attention est donnée aux auxiliaires et à leurs abris puisqu’à l’automne tout est laissé en place. Le nettoyage des feuilles et branches se fait en mars. Les branchages sont entassés dans certains coins discrets, pour le hérisson… Christian aime le travail du bois et fabrique des nichoirs et des petits hôtels à insectes.
Brigitte composte tout depuis 30 ans à la seule exception des rosiers malades. Elle donne un seau de compost à l’automne et au printemps au pied de toutes les plantes.
Le jardin ne reçoit aucun traitement chimique. Le désherbage est manuel, à la binette ou au couteau à désherber. Les limaces sont ramassées la nuit à la lampe électrique. La mare attire une faune variée de petits animaux. Crapauds et grenouilles y ont élu domicile ainsi que les fascinantes libellules. Les insectes auxiliaires et pollinisateurs sont ici préservés, nourris en abondance grâce à la multitude de fleurs et de cachettes. Brigitte aime à observer les syrphes, les abeilles solitaires ou le grand Machaon…
Les petits sentiers accueillent de très nombreux oiseaux. Un atelier organisé cet année par l’association Vigie Nature a permis d’observer une dizaine d’espèces des mésanges (bleue, charbonnière et à longue queue), des pinsons, rouge-gorges, pics, etc…
Leurs conseils
Multiplier les passages et les sentiers
Les petits sentiers permettent de planter trois fois plus de plantes….Ils ont été réalisés en décaissant le sol à la pioche et à la main. Une couche de sable de 10 cm d’épaisseur est étalée au fond. Les briques de récupération sont ensuite posées côte à côte puis calées au sable.
Composer un massif comme un tableau
« Je fais des essais et je pose d’abord les pots à l’emplacement que je pense le meilleur. Je vois ensuite pendant quelque temps si la plante se plaît. Si ce le cas, je la plante, sinon je fais d’autres essais. »