Comme pour toutes les installations de plantes au jardin, l’installation d’un bassin ou d’une zone humide présente certaines particularités et demande avant tout de l’observation:
- Les emplacements en creux ou les dépressions de relief naturel du jardin sont les plus propices à l’accueil du bassin.
- Les conditions d’exposition lumineuse, au vent et au froid sont ainsi déterminantes pour le choix des plantes et la réussite du jardin d’eau.
Choisir l’emplacement idéal et installer le bassin
Le choix de l’emplacement du point d’eau est la première décision à prendre avant d’aborder la mise en oeuvre du bassin. Prévoir au maximum les contraintes potentielles permet d’envisager sereinement l’avenir d’un bassin qui demandera un entretien réduit.
Un spectacle permanent
L’implantation du point d’eau près de l’habitation peut être une bonne solution pour les petits espaces, en créant une surface réfléchissante qui donner l’impression d’un agrandissement de l’espace. La possibilité de détourner une gouttière ou le trop-plein d’un récupérateur pour les raccorder à la mare est également un avantage majeur de la proximité de l’habitation.
Ce décor, grâce à la flore et à la faune riche qu’il permet d’attirer, deviendra un point fort du jardin et pourra être apprécié depuis l’intérieur de la maison ou depuis la terrasse. La présence de moustiques n’est pas à craindre si le bassin est normalement habité par les animaux friands des insectes et de leurs larves. Les grenouilles peuvent également être une source de nuisance sonore à proximité de la maison mais les coassements n’ont lieu qu’à la saison des amours !
Qu’y a t’il sous le sol?
Une fois que vous avez déterminé la position du bassin dans votre jardin, il reste quelques éléments à observer pour définir sa situation finale. Avant toute démarche d’installation d’un bassin, il est indispensable de prendre en compte la présence éventuelle de réseaux souterrains (eau, gaz, électricité).
Exposition et ensoleillement du bassin
L’exposition du plan d’eau est importante pour accueillir au mieux les végétaux ou les animaux apportés par le jardinier, ainsi que la faune et la flore spontanée. Une exposition trop ensoleillée provoquerait la hausse de la température de l’eau et la prolifération des algues qui, en trop grande quantité, seraient nuisibles à l’équilibre de la mare. En général, on considère que 4 à 8 h d’ensoleillement par jour sont suffisantes pour assurer l’équilibre biologique du bassin.
Quelques paramètres à prendre en compte lors de la réalisation du bassin
Lorsque vous avez déterminé l’emplacement le mieux adapté à l’installation de votre point d’eau, il est important de prendre en compte plusieurs paramètres pour la création proprement dite.
Prévoyez un volume et une profondeur suffisamment importants pour permettre d’obtenir une inertie suffisante. La température chutera moins en hiver et évitera la prise en glace totale du bassin. La température sera également moins élevée en été, en particulier dans la partie la plus profonde du bassin, ce qui limitera le développement des algues et assurera une meilleure stabilité à l’écosystème aquatique. Un volume suffisant assure également une meilleure inertie biologique qui permet le développement équilibré de l’écosystème.
Aménagez au moins une partie du bassin avec des berges douces, qui permettront aux animaux du jardin (hérissons, musaraignes…) de s’approcher de l’eau et de ressortir du bassin facilement s’ils venaient à tomber. Cela permet aussi aux animaux du bassin qui passent une partie de leur vie à l’extérieur de l’eau de sortir plus facilement.
La manière la plus respectueuse de l’environnement pour réaliser une mare est l’emploi d’argile. A défaut, il est possible d’utiliser une bâche, du béton, ou des coques préfabriquées vendues dans le commerce.
Choisir les plantes
Le choix des végétaux qui peupleront le bassin dépend à la fois de l’environnement du point d’eau et des animaux que l’on souhaite y installer.
En choisissant des plantes locales vous attirerez également plus facilement la faune, pollinisateurs et oiseaux.
Planter les berges et abords du bassin
Il faut ensuite choisir les plantes en fonction de la profondeur du bassin. Sur les berges, dans les zones humides qui ne sont pas totalement submergées, on peut planter des iris, des prêles, des roseaux ou des joncs.
N’oubliez pas de planter largement les abords du bassin avec des végétaux adaptés aux sols humides parmi lesquels de nombreuses plantes locales peuvent trouver place : lysimaques, scrophulaires, salicaires.
Les grands arbres caducs devraient être éloignés des abords du bassin. En effet, à l’automne, la chute de grandes quantités de feuilles peut déséquilibrer l’écosystème du point d’eau et vous obliger à nettoyer régulièrement.
Les plantes aquatiques
Dans la partie de profondeur moyenne, là où la vase est en permanence couverte d’eau, les nénuphars et nymphéas trouveront leur place et gratifieront le jardinier de leurs superbes fleurs.
Les espèces à feuilles flottantes contribuent au maintien de la fraîcheur du bassin par l’ombre qu’elles procurent.
Certaines d’entre-elles sont également des plantes filtrantes, qui stabiliseront l’écosystème et assureront un meilleur maintien de la qualité de l’eau du bassin (elodées, salvinie, grenouillette, lentilles d’eau…).
Attention aux espèces invasives !
Attention aux espèces invasives (jacinthe d’eau, jussie, Myriophyllum). Ces plantes, parfois très décoratives, peuvent échapper à votre contrôle et se répandre dans l’environnement pour proliférer aux dépends des espèces indigènes.
Maintenir la qualité de l’eau
Pour maintenir une eau de bonne qualité, il est nécessaire de penser à maintenir son niveau et à la renouveler régulièrement.
Il est donc important de calibrer la dimension du bassin en fonction des ressources en eau disponibles.
Le milieu aquatique du bassin est particulièrement sensible à différentes sources de pollution et nécessite une attention particulière pour maintenir la qualité de l’eau. La faune et la flore qui s’y trouvent sont beaucoup plus exposés aux résidus de pesticides car elles vivent en vase clos.
Les plantes aquatiques sont souvent moins sensibles aux maladies que les autres végétaux du jardin. Le bassin est une telle source de diversité que les équilibres sont très stables et qu’il n’y a normalement aucun problème phytosanitaire à gérer.
Les pucerons peuvent parfois prendre les plantes du bassin pour cible. Pour ces insectes, un jet d’eau suffit à les faire tomber à la surface de l’eau où ils sont rapidement dévorés par les poissons.
Rappelons-le, tout usage de pesticides dans le bassin ou en amont de celui-ci présente un risque important de préjudice à son équilibre et à la vie de ses habitants et doit être évité dans la mesure du possible.
Entretien et hivernage
Comme le reste du jardin, le plan d’eau ou le bassin nécessitent un entretien attentif du jardinier. Cependant, dans un jardin d’eau bien pensé et installé, l’équilibre biologique est généralement atteint et limite l’entretien nécessaire.
Cependant, certains travaux restent nécessaires, comme par exemple le dévasement partiel du bassin au bout de quelques années, ou l’enlèvement des feuilles mortes qui peuvent parfois s’accumuler dans le bassin à l’automne, au moment de la chute des feuilles des arbres. Toutes les interventions doivent être progressives et/ou partielles pour conserver la continuité de l’écosystème.
Selon les régions et la situation, il peut être nécessaire de préparer les plantes gélives et les animaux à la période de froid. Il est également possible de plonger dans le bassin un fagot de bois, qui limitera les effets du gel.
Si le bassin est assez profond (au moins 1m² avec une profondeur de 70cm), les animaux aquatiques comme les poissons pourront passer l’hiver, même en cas de gel. En effet, l’inertie de l’eau permet de maintenir une couche profonde hors du gel.
Les autres animaux (batraciens, tortues…) trouveront en général refuge dans le sol, entrant en hibernation pour l’hiver. Les tortues peuvent demander des attentions particulières, comme la mise sous abri pendant la période la plus froide. Pour ces animaux, n’hésitez pas à prendre contact avec des éleveurs ou des sociétés d’amateurs, qui vous conseilleront.
Les interventions sur le bassin ne doivent pas avoir lieu pendant la période d’hivernation, mais au début du printemps, quand les animaux sortent de leur léthargie.