Le paillage agit comme une sorte de bouclier du sol, qui préserve les plantes contre les aléas météorologiques et favorise la biodiversité. Il diminue les tâches d’entretien (bêchage, binage, sarclage, arrosage) ou les rend plus faciles. Toutefois, pour optimiser ces avantages, quelques règles s’imposent sur le choix du paillis.
Les effets sur le sol
Par sa simple présence, le paillage empêche les dégâts causés par les pluies sur les sols (surtout les sols argileux ). Lors de fortes averses, les gouttes d’eau cassent et fragmentent les agrégats des sols. Ils vont ensuite se déplacer et combler toutes les porosités de la couche superficielle pour finalement former, lors du séchage du sol, une croûte dure appelée « la croûte de battance ». Cette croûte, va réduire les échanges gazeux. En effet, celle-ci va réduire la pénétration de l’oxygène et l’évacuation du gaz carbonique empêchant une bonne respiration racinaire et donc un bon épanouissement des plantes.
Aussi, en ruisselant, les pluies emportent avec elles de petites particules solides. Avec le temps, la couche fertile du sol est décapée. On appelle ce phénomène « le lessivage ». Le paillage permet de retenir ces particules et de ralentir la vitesse de ruissellement. Accessoirement, il permet également de garder propres les fruits et légumes de salissures (souvent utilisé pour les cultures de fraisiers).
Lors de fortes pluies, les gouttes ricochent sur le sol et peuvent répandre sur les plantes des spores de champignons responsables de maladies (comme l’oïdium ou le mildiou). Le paillis diminue grandement ce phénomène.
Une couche épaisse de paillis a un rôle de « tampon thermique » pour le sol. En été, elle maintient la fraîcheur et l’humidité du sol, ce qui permet de limiter les arrosages. En hiver, elle protège la vie du sol et les racines du gel.
Certains types de paillis composés de matières organiques à base de feuilles mortes, de fleurs sèches ou bien de brindilles broyées favorisent la biodiversité. La faune située à la surface du sol (vers de terre, collemboles, myriapodes,…) participe à la décomposition de la matière organique. Elle broie et produit des boulettes fécales qui sont ensuite dégradées et transformées en humus par les micro-organismes du sol. Une fois mélangés et brassés en profondeur par les lombrics, ces apports de matières contribuent à la fertilité physique et chimique du sol.
Les effets sur le développement végétal
En protégeant le sol des rayons du soleil, le paillage réduit la germination et la croissance de plantes indésirables.
Cette technique limite la concurrence exercée par les plantes spontanées pour l’eau, la lumière ou les sels minéraux en favorisant les plantes cultivées. De plus, elle fait économiser un temps de désherbage important au jardinier (l’arrachage des plantules qui ont réussi à germer à travers le paillage est plus facile). Il est à noter toutefois, que cet effet n’est acquis que si la surface est bien désherbée avant l’installation du paillage.
Les précautions à prendre
Malgré les nombreux avantages du paillage, il y a tout de même quelques précautions à prendre.
Le paillage peut étouffer les plantes qui sortent de terre s’il est trop près du collet (point de séparation entre la tige et les racines d’un végétal). De même, un paillis de débris, riche en eau et peu aéré (tontes fraiches, déchets de légumes) attire parfois les limaces. Les paillis très épais peuvent attirer les rongeurs. Veillez alors à limiter l’épaisseur du paillage de 3 à 5 cm (un peu plus pour les feuilles mortes).
Certains paillis comme les écorces de pin acidifient le sol, ce qui peut entrainer des problèmes de carence pour les plantes. D’autres paillis peuvent être toxiques comme les tailles de cyprès ou de thuyas. Les débris de végétaux malades sont à proscrire sous peine de transmettre des maladies.
Une erreur fréquente des jardiniers concerne l’enfouissement des paillis. Sous terre, ces débris vont fermenter et attirer des ravageurs du sol comme les larves de hanneton ou les taupins. Ils peuvent également provoquer une faim d’azote.
Pour comprendre la faim d’azote, il faut savoir que les microbes du sol ont besoin de « carburant » comme l’azote pour dégrader les matières organiques. Ils vont donc consommer l’azote présent dans le sol, ce qui provoquera une carence temporaire pour les plantes voisines. Cela se traduit par des plantes plus chétives et un jaunissement du feuillage.
Pailler au bon moment
- En début de saison de culture, quand les graines sont bien germées.
- En été, quand il fait très chaud, en paillant sur sol humide et propre.
- En automne pour protéger les plantes avant l’hiver et éviter de laisser le sol nu.
Dans tous les cas, ne paillez pas par vent fort ni quand le sol est gelé. Avant de pailler, désherbez, en éliminant notamment les vivaces indésirables (chiendent, pissenlit, liseron…), racines et rhizomes compris, car le paillis n’empêchera pas leur pousse. Pour les paillis très « carbonés », comme les copeaux de bois, faites un léger apport de compost pour prévenir une faim d’azote et arrosez.
Quand retirer le paillis ?
- Au début du printemps, au potager, ce qui laisse le sol se réchauffer rapidement et évite la prolifération des parasites (au jardin d’agrément, écartez-le seulement si vous prévoyez des plantations).
- Lors des semis, car le paillis pourrait gêner leur levée : écartez soigneusement le paillis en veillant à ne pas l’enfouir.
- Au moment de planter : cela évite de mélanger paillis et terre au contact des racines.