Les cultures hors sol en bacs ou jardinage surélevé, sont connus depuis de nombreuses années. Aujourd’hui, elles se développent très fortement dans divers lieux allant du particulier à la renaturation de la ville en passant par le jardinage à l’école. Dans tous ces endroits, elles répondent à diverses situations ayant en commun la possibilité de ne pas mobiliser de sol qui peut être absent ou inutilisable parce que pollué, par exemple.
Pourquoi choisir le jardinage surélevé ?
Ce mode de culture est aussi souvent retenu pour la position de travail permettant à des personnes en difficultés de santé de jardiner debout ou assises, voire en fauteuil pour les handicapés. C’est aussi un formidable champ d’apprentissage pour les enfants, que ce soit à la maison ou dans les écoles ; les bacs peuvent être rapidement mis en place et, si nécessaire, avec des moyens de manutention ordinaires, déplacés au gré des besoins. Dans la cour de l’école, placés sur un milieu stabilisé, ils permettent la pratique de travaux pédagogiques de courte durée ; par exemple pendant la pause méridienne, sans se salir les chaussures pour ensuite rejoindre la classe. Dans cet usage, la mobilité potentielle des bacs est aussi très appréciée. Hors périodes scolaires, il est ainsi possible de les rapprocher d’un lieu où ils pourront être irrigués et les cultures entretenues ; par exemple le centre technique communal.
Où installer un potager sur pied ?
Plus globalement, ce mode de culture convient aux situations de surfaces disponibles très limitées : habitation en immeuble ou zone pavillonnaire disposant de très petites surfaces de terrain. Il peut aussi être utilisé en disposition localisée sur de plus grandes surfaces pour des jardiniers qui disposent de peu de temps à consacrer au potager et qui ne recherchent pas une grande productivité, mais un loisir de détente et d’observation de la nature à pratiquer en famille. Malgré sa surface de culture réduite, la culture en bac peut apporter, par une disposition judicieuse des plantes, une production non négligeable. Les plantes hautes (tomates, haricots à rame…) seront placées au centre et les cultures basses en périphérie, le cas échéant associées à des plantes plus ou moins retombantes. Il est également envisageable d’insérer dans les parois verticales des trous, de diamètre limité, pour ne pas altérer la solidité du bac et entraîner des pertes de substrat, pour y planter des plantes adaptées, fraisiers, par exemple.
Une culture en bacs réussie ne s’improvise pas et sa mise en œuvre requiert quelques connaissances sur les différents composants. Nous nous bornerons à la culture en grands bacs, à l’exclusion des cultures plus classiques, en pots ou en jardinières, bien qu’il y ait de nombreux points communs, notamment sur le choix des substrats.
Les cultures en bacs sont apparentées aux cultures hors-sols. Les plantes ne sont pas installées dans le sol naturel, mais dans un milieu reconstitué, isolé du sol.
Choisir ou construire un bac de culture
Caractéristiques dimensionnelles :
Quelle que soit la forme du bac de culture, pour un accès facile aux plantes, il est important de considérer que les points les plus éloignés des bords doivent se situer au maximum à 60 cm.
La hauteur de la surface de culture doit être adaptée à la taille des utilisateurs : enfants/adultes, et au mode d’utilisation station debout/assise. La hauteur du bac ainsi définie est différente de l’épaisseur du substrat de culture, ce qui conduit souvent à utiliser des bacs sur pieds.
Quel matériau de construction ?
En dehors des caractéristiques de résistance, le matériau utilisé ne doit pas libérer de substances toxiques pour les plantes. Ce point est très important lors d’utilisation de matériaux de récupération. Pour des raisons écologiques évidentes, le bois est préférable. Le mieux adapté au regard des critères de durabilité et de prix est le bois de pin autoclavé « classe 4 » qui garantit une durée de vie minimale de 10 ans en contact avec le substrat humide.
Afin de limiter les pertes en eau par évaporation, les côtés du bac peuvent être étanches ; en revanche, le fond doit permettre une évacuation de l’eau en excès (eau de pluie ou irrigation excessive). La situation idéale est d’envisager, par un nombre d’orifices limité, de récupérer la solution en excès qui contient des éléments minéraux qui pourra être recyclée sur la culture.
Construire son bac ou l’acheter dans le commerce est le choix de chacun ; sachant que la récupération de matériaux de construction est toujours le choix le plus vertueux.
En matière de récupération, la voie la plus souvent utilisé est celle des palox agricoles réformés en bois. Il s’agit de grandes caisses ayant servi au stockage et au transport de récoltes (fruits, pomme de terre, oignons…), facilement disponibles et correspondant bien aux dimensions requises, ils sont peu couteux. S’agissant de bois usagé, la durée de vie est plus limitée, mais le faible coût à l’achat permet de les remplacer dès qu’ils deviennent défectueux. En général, ces caisses sont trop profondes pour être directement remplie de substrat. Il convient alors de réaliser un double-fond à la hauteur désirée.
Le choix du substrat
Un des avantages non négligeable de la culture hors sol en bac est la possibilité d’optimiser la composition du substrat de culture, pour répondre au mieux aux exigences racinaires des plantes cultivées.
Les objectifs à atteindre sont :
- Une bonne capacité de réserve en eau et au sein de cette réserve une disponibilité en eau suffisante pour les plantes cultivées.
- Une aération optimale pour la respiration racinaire en laissant pénétrer l’oxygène et rejeter le gaz carbonique également produit par la décomposition de la matière organique.
- Un apport de minéraux solubilisés dans l’eau, mais aussi fixés en réserve sur le complexe argilo-humique.
- Un taux de matières organiques suffisant pour accueillir la vie biologique.
Quels matériaux de base pour la constitution d’un substrat ayant de bonnes caractéristiques physiques, chimiques et biologiques ?
- Les granulats minéraux de différents diamètres, des sables pour les plus fins aux graviers pour les plus gros, assurent l’architecture et l’aération du substrat ; ils interviennent dans la porosité qui règle la circulation l’eau et de l’air. On peut aussi rentrer dans cette catégorie des matériaux d’origine naturelle, mais transformés tels que la pouzzolane (broyage) les billes d’argile expansée, la perlite et la vermiculite (traitement par la chaleur).
- L’argile est un matériau indispensable. Associée à l’humus issu de la décomposition des matières organiques, ils produisent le complexe argilo-humique où se stockera la réserve d’éléments minéraux pour la nourriture à moyen terme des plantes
- Les matières organiques, exclusivement d’origine végétale, plus ou moins décomposées : tourbes, fibres organiques, écorces, compost… apportent l’humus qui entretient une vie biologique riche pour nourrir les plantes. Elles jouent un rôle fondamental dans l’accueil de la vie biologique, de la nutrition minérale de la plante et du bon état sanitaire des plantes.
Quelle hauteur de substrat dans le bac ?
Pour la majorité des légumes, une hauteur de 50 centimètres sera suffisante pour permettre un bon développement racinaire et assurer une nourriture en quantité suffisante des plantes.
Un inconvénient des cultures en bacs : comme toutes cultures hors sol, le milieu racinaire sera plus sensible aux amplitudes de températures. En clair, il fera plus chaud en été et plus froid en hiver, avec un risque de gel augmenté pouvant nécessiter une protection hivernale de la périphérie du bac.
La fertilisation des cultures en bac
Le volume restreint de substrat à disposition des racines de plantes nécessite une adaptation de la fertilisation avec un plus grand fractionnement des apports. Les apports d’engrais organo-minéraux sont tout à fait adaptés ; la part minérale apportant la nourriture à court terme des plantes et la fraction organique venant maintenir la réserve de minéraux utilisables à moyen terme.
Comment optimiser l’utilisation du bac de culture, à peu de frais, par des équipements complémentaires ?
Sur le pourtour du bac, on peut disposer des anneaux destinés à recevoir des arceaux, métalliques ou plastiques, pouvant recevoir alternativement :
– Un filet anti-oiseaux (très utile, car les cultures en bacs isolées attirent beaucoup les volatiles (pigeons, merles …)
– Un filet anti-insectes
– Un film intissé (type P17) qui au printemps laisse passer l’eau de pluie tout en apportant une protection légère contre le froid. À noter que ce même film peut être utilisé en été comme ombrière ; sa couleur blanche assurant la réflexion de la lumière.
– Un film en polyéthylène pour hâter les cultures de printemps.
– Un film à bulles pour protéger efficacement les légumes d’hiver.
En matière d’irrigation, le bac peut être équipé de dispositifs d’irrigation localisée. Les oyas sont particulièrement bien adaptés à ce mode de culture. Un système de goutte-à-goutte, relié à un réseau d’eau sous pression, peut aussi convenir.
Pour récupérer les excédents d’eau de drainage, en cas de fortes pluies, il est aussi possible de placer un dispositif adapté. L’eau récupérée, riche en minéraux, pourra ainsi être recyclée sur la surface du bac.
Article rédigé par Michel Javoy
Membre du groupe de travail Jardiner Autrement