La tomate occupe une place de choix au jardin potager. Le plaisir de déguster ses fruits implique le maintien des plantes en bonne santé. La maîtrise de la croissance de la plante passe souvent par la taille et l’effeuillage. Lors de ces opérations, quelques précautions sont nécessaires pour éviter la transmission de maladies, notamment virales.
Les tomates, à l’instar de beaucoup de plantes de la famille des solanacées, sont susceptibles d’être attaquées par de nombreux virus des plantes qui, très souvent, n’engendrent pas la mort de la plante mais compromettent gravement, quantitativement et qualitativement, la récolte.
Beaucoup de ces virus peuvent être transmis par les graines ou les plants contaminés ; il est donc très important d’être très vigilants sur l’origine des semences et plants.
Souvent les variétés modernes de tomates (hybrides F1) possèdent des tolérances ou des résistances à de nombreux virus, mais jamais à tous les virus ; d’autant plus que des nouveaux virus des solanacées font régulièrement leur apparition sur notre territoire, c’est le cas du virus du fruit brun rugueux (ToBRFV).
Beaucoup de virus de la tomate sont transmissibles d’une plante contaminée à une plante saine par les opérations de taille et d’effeuillage des plantes (mode de transmission dit mécanique) nécessaire à la bonne maîtrise de la végétation. C’est le cas du plus fréquent des virus de la tomate, souvent rencontrés sur les variétés anciennes : le virus de la mosaïque du tabac (TMV).
Les plantes contaminées présentent des symptômes sur le feuillage et sur les fruits proches de la maturité. Pour une bonne efficacité, il est indispensable de pouvoir identifier le plus tôt possible les symptômes sur les feuilles à partir de quelques caractéristiques communes à presque tous les virus.
Les symptômes viraux apparaissent toujours sur les feuilles jeunes du bourgeon terminal ou des bourgeons latéraux. Ils prennent toujours la forme de déformations, d’ondulations anormales du limbe des feuilles et/ou de décolorations sous forme de mosaïque, sans contour précis, avec alternance de parties vert foncé et vert clair voire jaunissantes. Dans les cas extrêmes, il est possible d’observer des phénomènes de nanisme et de forte réduction de la surface des folioles.
Avant de commencer le travail de taille ou d’effeuillage des tomates, il convient d’observer toutes les plantes pour repérer les plantes douteuses de manière visible ; par exemple en accrochant un morceau de chiffon sur le haut du tuteur. Ces plantes seront taillées en dernier, voire non taillées, en attendant que le doute sur le risque d’attaque virale soit levé ou confirmé, dans ce dernier cas, elles devront être supprimées en prenant les précautions d’usage.
Pour l’ébourgeonnage ou l’effeuillage, il est préférable de casser (sans couteau) les bourgeons à l’état jeune, la cicatrisation sera toujours meilleure ; mais quand le bourgeon est plus développé ou la feuille plus âgée, il est difficile de se passer du couteau.
Les conditions microclimatiques, lors de la taille, jouent également un rôle important dans la protection des plantes contre les attaques de champignons pathogènes. Tailler après une pluie ou un arrosage est toujours une situation défavorable car la turgescence de la plante entraine un écoulement de sève qui peut servir de base de développement à d’éventuels champignons ou bactéries. La taille de fin de journée chaude sera la moins favorisante aux maladies, mais souvent les bourgeons ou les feuilles se cassent ou se coupent moins bien !
Il est rappelé qu’il ne faut pas laisserde talon de pétioles de feuilles ou de bourgeons, car la pourriture grise(Botrytiscinerea), en conditions favorables au champignon, est susceptible de se développer sur ces parties mortes de la plante et à terme d’entrainer la pourriture de la tige de la plante.
Entre chaque plante, il est recommandé de se tremper les doigts, de la main nue ou gantée, dans du lait demi écrémé qui, par action d’inactivation sur le virus ou de protection de la plante, réduit le risque de transmission, sans pour autant l’éliminer totalement.
Si l’on utilise un couteau, on peut tremper la lame dans une solution d’eau de javel (hypochlorite de sodium) à une dilution conseillée sur l’emballage du produit commercial. Le temps de trempage de la lame doit être supérieur à 1 minute. La solution d’eau de javel diluée doit être renouvelée régulièrement, car la matière organique présente sur la lame inactive rapidement l’effet du chlore.
A la fin de l’opération de taille ou d’effeuillage, il est préconisé de tremper la lame du couteau dans la solution d’eau de javel pendant au moins 10 minutes avant de rincer à l’eau claire et de ranger l’outil.