Les lauréats du concours Jardiner Autrement édition 2015 et les lauréats du concours photo « Caché(s) », accompagnés de membres du jury, de l’équipe Jardiner Autrement et de Jean-Michel CARDON, représentant de l’ONEMA (Office National de l’Eau et des Milieux Aquatiques), ont participé les 5 et 6 septembre 2015 à un week-end sur le thème du végétal à Strasbourg.
Le jardin botanique de l’Université de Strasbourg
Créé en 1619 et situé au cœur de la ville depuis 1884. Situé au cœur de la ville, Le jardin botanique expose au public plus de 6000 espèces de plantes.
Une grande biodiversité
Le climat du jardin est influencé par la ville, il est donc plus chaud que dans le reste de l’Alsace. Il n’y a pas de neige en hiver et la nappe d’eau n’est qu’à 3-4 m sous le sol. Cela permet de cultiver de nombreuses espèces. Il n’y a pas de thématique particulière, c’est une « auberge espagnole » comme le dit si bien notre guide Frédéric Tournay ! La provenance est connue pour chaque plante et les différentes espèces sont regroupées par familles.
On retrouve dans le jardin des plantes utiles et ornementales, notamment 4 espèces de cèdre dont celle de Chypre, endémique. L’arbre âgé de 25 ans, commence à produire des cônes femelles. Heureusement, les cèdres du Liban présents dans le parc peuvent polliniser cette espèce.
Cette « auberge espagnole » accueille également environ 1200 espèces d’insectes, dont 600 de coléoptères.
Pratiques de protection des plantes
Aucun traitement chimique n’a été effectué depuis 5 ans. Un désherbage thermique est réalisé dans les allées. Seul un produit anti-limaces est encore utilisé car les hivers doux entraînent des dégâts importants sur les plantes annuelles et bisannuelles.
La lutte biologique permet depuis 6 ans de limiter les attaques de ravageurs dans les serres et à l’extérieur. La pyrale du buis est arrivée de la région de Bâle (Allemagne) et la bactérie Bacillus thuringiensis est donc appliquée pour parasiter les larves. Le traitement est cependant difficile à effectuer vue la hauteur des buis. Des parasitoïdes des cochenilles sont introduits en serre toutes les 3 semaines de mi-mars à mi-septembre, sauf pendant l’été. L’équilibre ravageurs-parasitoïdes a mis 4 ans à s’établir.
Cette visite nous aura donc appris qu’avec de la patience, le biocontrôle maintient un équilibre durable au jardin.
Le vignoble du Stierkopf
Le groupe s’est ensuite rendu dans un vignoble en conversion à l’agriculture biologique. Son responsable, François Grieshaber, a transmis sa passion et les questions ont donc été nombreuses.
Le domaine est engagé dans le projet européen TERRA qui vise à développer et expérimenter des programmes de formation professionnalisante pour des travailleurs handicapés déficients intellectuels. Les trois piliers du développement durable sont donc réunis dans cette entreprise: écologie, économie et social.
Les pratiques agricoles
L’épamprage (retrait des rameaux non fructifères qui poussent sur la souche ou sur le porte-greffe) permet de limiter l’humidité et donc le développement des maladies. Un broyeur permet d’utiliser les produits de la taille pour la chaudière.
Des rosiers de couleurs différentes sont placés à proximité de chaque cépage pour détecter l’arrivée de l’oïdium et aider les employés à reconnaître les différents cépages cultivés.
La bouillie bordelaise, le souffre ainsi que les tisanes d’ortie et de prêle sont appliquées en mai en préventif et/ou curatif. Le cuivre étant nocif pour le sol, la dose de 900 g/ha n’est pas dépassée. La sècheresse de cette année a limité le développement des maladies et de la drosophile asiatique qui s’attaque habituellement aux fruits.
Seigle, pois et vesce sont cultivés entre les rangs et sont fauchés pour servir de paillage sur les rangs. Le travail du sol est superficiel pour ne pas perturber les organismes du sol.
Le maintien de la biodiversité
Des haies et des arbres d’espèces autochtones sont maintenus pour abriter les auxiliaires. La pêche de vigne est également cultivée sur l’exploitation.
Récolte et transformation
La récolte et le tri des fruits est manuel, pour garantir la qualité du vin. La récolte a lieu de plus en plus tôt à cause du réchauffement climatique.
Dégustation des vins
La visite fût suivie d’une dégustation de 4 vins issus de 4 cépages différents : pinot gris, blanc, riesling et Ggewurztraminer. Ce fût l’occasion de continuer à échanger sur le processus de vinification et l’adaptation des méthodes de travail aux salariés handicapés.
Remise des prix au Mont Sainte-Odile
La soirée s’est poursuivie au Mont Sainte-Odile, d’où la vue panoramique sur la plaine d’Alsace et la Forêt-Noire de l’autre côté de la frontière est magnifique.
Les diplômes ont été remis aux lauréats des concours Jardiner Autrement et Epidémiosurveillance. Michel Grésille, administrateur à la SNHF, Gilles Carcassès, chef de projet Jardiner Autrement et Jean-Michel Cardon, Chef du Département Action Territoriale à l’ONEMA, se sont exprimés pour féliciter les jardiniers et observateurs des BSV.
Visite du jardin de l’Escalier
Le lendemain matin, le groupe entame sa dernière visite au jardin remarquable de Michelle Schneider, à Brumath. Cette jardinière est également peintre et attache donc une importance particulière à la conception d’espaces aux ambiances différentes dans le jardin. Celui-ci mesure environ 2900 m2. Il est classé remarquable depuis 2007 et Michelle est aidée par un jardinier depuis 2010.
Un portail épais sépare la cour du jardin. Il symbolise le passage dans un autre monde, pour laisser de côté les soucis et pénétrer dans un espace apaisant et enchanteur.
Le pavillon japonais sert de chambre d’hôtes tandis qu’un solarium a été installé dans le potager ensoleillé. Une cabane surélevée permet quant à elle d’admirer l’ensemble du jardin.
De nombreux auxiliaires ont pu être observés sur les plantes potagères : larve et nymphe de syrphe, coccinelles… Ainsi que des bioagresseurs tels le criocère à douze points et la rouille grillagée du poirier.
Le week-end s’est terminé par un délicieux brunch et chacun est reparti en se promettant de se revoir et de continuer à échanger pour diffuser à d’autres jardiniers l’envie d’observer leur jardin et d’utiliser des méthodes alternatives aux pesticides.